L'ennemi intime Point Zéro : les autres articles

C'est connu, à chaque visite d'un étranger à Alger, on nettoie un peu, on balaie les indésirables, on range les problèmes apparents et on repeint les passants d'une couche rapide de laque blanche. Pour l'arrivée du Français Manuel Valls, le même procédé a été mis en place, mission commando dont le seul objectif est d'être les seuls à savoir ce que recèle le pays comme inesthétiques excroissances. Sauf que cette fois, les autorités sont allées plus loin et ont ramassé toutes les poubelles vertes réparties sur les boulevards.
On ne sait pas pourquoi mais surtout les poubelles, une fois ramassées, ont disparu de Mohammed V, Didouche et Bougara. Pas toutes, mais une bonne partie n'a pas retrouvé sa place originelle, à recueillir tout ce dont les Algériens ne veulent plus. Enquête plus tard, il s'avère que lors de l'opération de ramassage, les autorités ne les ont pas identifiées précisément et les ont déposées ensuite un peu au hasard. Résultat, des immeubles n'ont plus leur poubelle verte et jettent leurs ordures à même les trottoirs des trois boulevards, trois grands héros de la Révolution. Ce qui n'est pas forcément un problème pour les autorités, puisque Manuel Valls est reparti.
Mais au moment où le nouveau Premier ministre et son nettoyeur déclarent la guerre aux ordures, des poubelles disparaissent. Et même Farouk Ksentini n'a pas voulu s'exprimer sur cette nouvelle atteinte aux droits de l'homme. A moins que les poubelles n'aient pas disparu, mais seraient en cours d'analyse par les services compétents qui fouilleraient l'intimité nationale en étudiant avec précision ce qui est rejeté. Pour faire comme le théorisait Sun Tzu dans L'Art de la guerre, définir une stratégie, c'est d'abord définir son ennemi ; dans ce cas, l'ordure. Vaste chantier. Qui est une ordure et qui ne l'est pas ' En attendant le rapport d'expertise final, on aimerait bien retrouver nos poubelles. Mêmes bleues.