Les travailleurs de l'Entreprise nationale de matériels de travaux publics (ENMTP) de Constantine sont entrés en débrayage illimité dimanche, en signe de contestation contre une situation socioprofessionnelle de plus en plus fragilisée.La décision de mettre en place un piquet de grève à l'entrée de la zone industrielle de Aïn Smara a été prise par le personnel, avant même qu'un préavis ne soit déposé auprès de la direction générale, nous a-t-on appris in situ.
La raison de cette protestation est imputée aux retombées de la conjoncture économique actuelle sur la classe ouvrière. Les concernés ont mis en avant l'érosion du pouvoir d'achat, incidence directe de la hausse effrénée des prix. Revendiquer une augmentation salariale est en soi légitime face à la cherté de la vie, clament les protestataires que les éléments de la gendarmerie ont tenté de disperser.
S'agissant du volet revendicatif, il est question, selon Houssam-Eddine Touati, représentant syndical, d'une revalorisation de salaire, du statut et une stratégie pour préserver les postes d'emploi, entre autres. «C'est la survie de l'entreprise qui nous préoccupe actuellement», a-t-il assené, tout en reconnaissant la légitimité des doléances brandies par ses pairs. La chute des ventes et l'absence de perspectives d'exportation pèsent lourdement sur l'avenir des cinq entités, issues d'une restructuration effectuée il y a quelques années. L'ENMTP a déjà été secouée par un mouvement de grève pour des revendications similaires en 2013.
«En janvier 2013, nous avions déclenché un débrayage, qui a duré plusieurs jours, pour réclamer une augmentation des salaires, de meilleures conditions de travail et dénoncer le mode de promotion au sein de l'entreprise», est-il rappelé. Une action menée contre l'avis du syndicat. «C'est grâce à notre détermination que nous avons réussi à arracher une augmentation de 45% qui sera répartie sur trois tranches, deux de 20% et la troisième de 5%», est-il encore précisé.
Si la direction de l'entreprise a fini par concéder cette revalorisation salariale, c'est grâce au partenariat, dont celui avec le groupe allemand Liebherr. La création d'une société commune (joint-venture), en l'occurrence Somatel (Société du matériel de terrassement et de levage), a remis sur les rails l'industrie mécanique à Constantine. Le premier chargeur sous le label du constructeur allemand, d'une gamme de 7 engins, est sorti d'ailleurs cette même année. Fruit d'un investissement estimé à 700 millions de dinars.
Aujourd'hui, les travailleurs, qui battent le pavé devant le site, appréhendent les difficultés financières qui pointent à l'horizon. Preuve qu'ils sont 60%, selon le syndicat, à suivre le mouvement de grève. «La direction générale nous a fait connaître sa disponibilité au dialogue. Une réunion pourrait survenir mardi (aujourd'hui, ndlr)», nous a encore annoncé le représentant syndical. D'ici à trouver un terrain d'entente, les grévistes campent sur leur position et maintiennent le cap de la contestation.
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Posté Le : 16/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Naïma Djekhar
Source : www.elwatan.com