Algérie

L'enlisement



Les rapports des services de renseignements de certains pays parlent de l'implication de mercenaires syriens pro-turcs dans ce conflit contre les séparatistes du Karabakh. Ce que nie Ankara qui soutient ouvertement l'Azerbaïdjan contre l'Arménie.Le conflit opposant l'Arménie à l'Azerbaïdjan dans la région séparatiste du Nagorny Karabakh a franchi hier une phase dangereuse avec le bombardement, pour la première fois, par Bakou de cibles en territoire arménien, alors que la présence de mercenaires syriens pro-turcs sur le territoire azerbaïdjanais continue de susciter polémique et inquiétude.
Accusant Erevan de vouloir viser Bakou, l'Azerbaïdjan a annoncé hier en effet avoir bombardé des "systèmes de lancement de missiles" arméniens, sapant toute chance d'une trêve que les deux parties avaient négociée vendredi dernier à Moscou et qui était entrée en vigueur samedi matin, sans jamais être respectée. Les deux parties s'accusent mutuellement de violer cette trêve qui devait permettre, entre autres, de secourir les blessés dans le Karabakh, dont de nombreux civils, et d'échanger des prisonniers de guerre.
De son côté, l'Arménie a confirmé ces frappes ayant visé son sol, mais elle a formellement démenti vouloir s'attaquer à l'Azerbaïdjan, tandis que dans la région du Nagorny Karabakh, la situation ne cesse de se dégrader et les civils de fuir leurs domiciles. Les violences qui ont commencé le 27 septembre dernier ont entraîné le départ de plus de 90 000 personnes, soit plus de la moitié des habitants de cette région qui a autoproclamé sa scission de l'Azerbaïdjan au début des années 1990, après l'effondrement de l'ancien empire soviétique. Malgré les appels à la retenue, les combats se sont poursuivis et sont montés en violences crescendo, avant la rencontre de Moscou du 9 octobre et qui avait laissé entrevoir un apaisement de la situation, en vue de discussions de paix.
Mais l'optimisme des uns et des autres a été de courte durée, tout comme l'enthousiasme affiché par la Russe de mettre fin à ce conflit qui perdure depuis des années et qui risque de se transformer en une guerre régionale, avec l'implication de certains pays, à leur tête la Turquie. Ce pays, ennemi historique de l'Arménie, soutient ouvertement l'Azerbaïdjan et il est le seul à n'avoir pas appelé à un cessez-le-feu. Pis, Ankara est accusée d'acheminer des mercenaires syriens pro-turcs pour combattre contre les séparatistes du Karabakh, majoritairement habité par des Arméniens.
Des rapports des services de renseignement de plusieurs pays affirment que des mercenaires étrangers sont présents en territoire azerbaïdjanais, ce que Bakou et Ankara démentent. "Certains nous disent "Vous avez envoyé des (combattants) syriens là-bas". Nous n'avons pas un tel agenda (...) Ils ont déjà fort à faire dans leur pays, ils n'iront pas" au Nagorny Karabakh, a affirmé M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. Mais des sources officielles et des ONG syriennes affirment que plus d'une vingtaine de corps de mercenaires syriens pro-turcs ont été rapatriés en Syrie, en provenance de Bakou.
Face au risque d'internationalisation de ce conflit, la Russie est donc revenue à la charge hier, via son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, qui a annoncé à des médias russes que son pays s'apprête à déployer des "observateurs militaires" tout au long de la ligne de front, perçu comme seul moyen de faire respecter la trêve.

Lyès Menacer


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