Algérie

L?enjeu pétrolier ou l?argent guerre



Le gouvernement de Khartoum a vu les choses en grand, hier, pour fêter avec ses invités la signature de l?accord de paix avec la rébellion de l?Armée populaire de libération du Soudan (APLS). Voilà presque un an, jour pour jour, le mercredi 7 janvier 2004, les deux camps avaient déjà célébré la signature d?un accord déterminant sur le chemin de la paix. Celui-ci prévoyait un partage des richesses, essentiellement pétrolières, à parts égales entre le Nord et le Sud. Une clause réaffirmée dans l?accord général paraphé hier à Nairobi (Kenya). Ce n?est pas l?application de la charia mais le pétrole qui est à l?origine de la reprise de la guerre civile au Soudan, en mai 1983. L?accord d?Addis-Abeba, signé en 1972, a mis fin au conflit qui a éclaté en 1956, un an avant l?indépendance du Soudan, et instauré dans le Sud un régime semi-autonome, avec un gouvernement à Juba. Mais à la suite de la découverte de gisements de pétrole dans le Sud, en 1980, par la compagnie américaine Chevron, le maréchal-président Jaafar Muhammed Nemeiry, au Nord, abrogea unilatéralement l?accord. Provoquant la révolte du Sud. « Ce n?est qu?en septembre 1983 qu?il décida l?instauration de la charia sur tout le territoire soudanais pour asseoir sa légitimité, alors que la rébellion du Sud date du mois de mai de la même année », souligne Gérard Prunier, chercheur au Centre national de recherche scientifique (CNRS, France). Depuis 1983, près de deux millions de personnes ont été tuées et 4,5 millions déplacées, principalement dans les zones pétrolifères où forces gouvernementales et rebelles s?affrontent pour le contrôle des infrastructures. Ce n?est qu?en 1999 qu?un oléoduc a pu être construit vers la mer Rouge, grâce à un accord entre trois compagnies pétrolières - la Compagnie nationale des pétroles chinois (CNPC), Pétronas (Malaisie) et la Talisman (Canada) - peu soucieuses du respect des droits de la personne. De nombreuses organisations non gouvernementales ont ainsi condamné l?attitude de ces compagnies, qui réclament la protection de Khartoum et ferment les yeux sur les exactions commises par les deux camps. Selon Amnesty International, certaines de ces firmes sont ainsi protégées par des milices qui engagent des enfants soldats. Pour maintenir son contrôle sur les zones riches en pétrole, Khartoum n?a pas hésité à diviser les multiples milices du Sud en s?attachant leurs services, selon les opportunités. Si bien que l?on estime aujourd?hui que plus de la moitié des victimes du conflit l?ont été durant des combats entre « Sudistes ». Aujourd?hui, le plus dur sera de convaincre tous ces clans de l?intérêt de déposer les armes. Sans oublier que les rébellions du Darfour réclament, depuis leur soulèvement en 2001, le développement de leur région et leur part dans les ressources du pays.


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