L?assassinat, mercredi dernier, du député libanais Walid Eido, a été unanimement condamné par la communauté internationale. Neuf autres personnes, dont le fils de Walid Eido, ont trouvé la mort dans cet attentat à la voiture piégée qui intervient alors que la stabilité du Liban est menacée par les affrontements armés qui opposent les militaires libanais aux activistes du groupe extrémiste Fath El Islam, retranchés dans le camp de Nahr El Bared qui abrite des réfugiés palestiniens. La mort tragique de Walid Eido amplifie davantage le climat d?insécurité dans un pays encore sous le choc de l?agression israélienne d?il y a presque un an. Ce climat de terreur pèse en fait sur le Liban depuis l?assassinat, en février 2005, de l?ancien Premier ministre Rafic Hariri, dont la disparition a pu être perçue, au Liban, comme un traumatisme. D?autres éminentes personnalités libanaises sont par la suite tombées, toutes victimes d?actions terroristes. L?institution d?un tribunal international chargé de faire la lumière sur ces nombreux crimes paraît avoir réveillé les forces hostiles à la manifestation de la vérité tant il est clair que l?idée même du tribunal international ne fait pas l?unanimité au Liban et dans la région. Est-ce un hasard si Walid Eido, qui dirigeait la commission de la défense à l?assemblée libanaise, se trouvait être un proche de Rafic Hariri ? Son assassinat, comme ceux qui l?ont précédé, pose la question de savoir à qui profite le crime et, encore une fois, c?est la Syrie qui est ouvertement désignée par de larges pans de la classe politique libanaise, même si Damas rejette ces accusations et dénonce aussi les attentats perpétrés contre des dirigeants libanais. Il n?y a pas, en effet, hors le faisceau de présomptions, des preuves tangibles et matérielles de nature à incriminer Damas et, d?ailleurs, les autorités syriennes protestent de leur bonne foi. Damas est loin d?être entendu par nombre de capitales occidentales qui voient la main de la Syrie derrière les troubles qui agitent le Liban. Parmi elles figure Paris qui tente de reprendre pied sur la scène libanaise, comme en témoigne le forcing du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, artisan d?un projet de conférence interlibanaise à La Celle-Saint-Cloud, fin juin, dans un modèle qui n?est pas sans rappeler la conférence interivoirienne de Marcoussy. Au-delà de l?effet d?annonce, cela suffira-t-il pour rassembler l?échiquier politique libanais, dont les dissensions sont profondes, autour d?objectifs communs ? Car il s?agit aussi de savoir si les Libanais ont besoin d?un parrainage ou d?une tutelle pour parvenir à un consensus qui leur permettrait un retour à la normale. Le destin du Liban ne peut à l?évidence s?accomplir que sur son territoire et pour le profit de son peuple uni et solidaire. Qui cherche alors à jeter de l?huile sur le feu en amenant les Libanais à s?entre-déchirer et à sacrifier à une violence préméditée les meilleurs de leurs enfants ? L?assassinat de Walid Eido est l?une des séquences les plus tragiques d?une actualité libanaise poussée vers le scénario du pire.
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Posté Le : 16/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine Lotfi
Source : www.elwatan.com