Algérie

L'enjeu DP World



C'est une question de volume sans doute, mais le groupe Dubaï Ports World suscite, de port en port, des agitations révélatrices. On connaît la réaction des Américains qui n'aimaient pas que des Arabes contrôlent leurs ports, on connaît moins l'agitation récente provoquée au Sénégal par l'attribution de la concession du terminal à conteneurs de Dakar à DP World.  Là, le groupe français Bolloré, perdant dans l'affaire, a eu des soutiens au sein des syndicats et a introduit des recours auprès du gouvernement sénégalais qui sont restés vains. En Algérie, le secret de Polichinelle a été éventé: DP World est en négociation pour la gestion du terminal à conteneurs du port d'Alger. La coordination nationale des syndicats des ports d'Algérie vient de réagir en rejetant les dites négociations avec le groupe émirati, au motif qu'elle n'a pas été associée au processus de négociation. C'est un argument légitime mais plutôt tardif. Que les syndicalistes ne disent surtout pas qu'ils viennent d'apprendre, par voie de presse, que des négociations sont en cours !  En réalité, il y avait au départ un bon motif de prendre position sur le mode opératoire de l'opération. On a beaucoup loué dans ce pays le recours à l'appel d'offres, mais dans le cas du terminal à conteneurs d'Alger, on est entré directement dans la négociation de gré à gré. Mais, fort heureusement, cette arrivée de DP World n'est pas une simple formalité. Une étude avait déconseillé la cession à 100% du terminal au profit d'une joint-venture (50-50), avec pour objectif de doubler le transit par la professionnalisation. Ceux qui sont contre avancent qu'il y a suffisamment de cash-flow pour financer les investissements nécessaires.  Mais faire des investissements n'est pas le plus difficile, c'est «l'après» qui compte le plus: assurer une gestion aux normes internationales et surtout apporter du trafic. De ce point de vue, le choix de DP World se justifie amplement. Mais il est vrai que les changements suscitent toujours des résistances. L'arrivée de DP World n'entraînera aucune perte d'emploi au port - cela fait partie du cahier des charges - mais elle pourrait remettre les compteurs à zéro pour les activités de manutention qui profitent actuellement au privé.  Certains n'hésitent pas à trouver là l'explication de la résistance de certains cadres à la mise en concession: des situations de rente vont immanquablement être bousculées. Ce sont là des enjeux collatéraux inévitables. Le grand enjeu est que la concession du terminal à conteneurs d'Alger est adossée à l'obligation pour l'opérateur concerné - DP World en l'occurrence - de donner enfin une vie au port de Djendjen. Une sorte de vente concomitante qui est économiquement intéressante.  Port moderne, possédant le plus important tirant d'eau en Méditerranée, Djendjen a en effet le potentiel de devenir la plus grande plate-forme portuaire du pays. DP World pourrait être le catalyseur, si les négociateurs algériens ne cèdent pas sur le lien établi entre la concession du terminal à conteneurs du port d'Alger et la mise en valeur du port de Djendjen. L'enjeu économique est à ce niveau...


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