Algérie

L'énigme Ouyahia



L'énigme Ouyahia
Il a cru peut-être que «son destin allait croiser celui de la nation», il l'a finalement projeté dans les seconds rôles.Ahmed Ouyahia, ancien chef de gouvernement et ex-secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), serait dans le staff de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, sérieusement handicapé par la maladie, qui brigue tout de même un 4e mandat à la présidence du pays. Officiellement, il n'y a rien qui confirme une telle nouvelle. Mais rien ne l'infirme aussi, puisque le concerné, lui-même, n'a fait aucun démenti aux informations qui circulent à son sujet. C'est vrai qu'Ahmed Ouyahia a démissionné de la direction du RND en croyant que les escarmouches qui y ont vu le jour étaient un signal suffisant qui lui demandait de rentrer chez lui. L'ancien chef de gouvernement a cru si bien décoder le message, qu'il n'avait opposé aucune résistance.Il a quitté finalement son parti sur la pointe des pieds. Certains disent qu'il aurait fait un «bon candidat du système», il n'est pas victime de l'obsession que le Président sortant a pour le pouvoir et les enjeux nés de la rente concentrée entre les mains d'une poignée d'affairistes. Pour ceux qui connaissent bien le fonctionnement du régime algérien, l'effacement d'Ahmed Ouyahia de la scène politique est dû essentiellement à ses dernières sorties médiatiques qui n'ont pas été appréciées par le Président et son entourage immédiat. La première remonte à janvier 2012, quand l'ancien chef de gouvernement, en poste alors, osait un crime de lèse-majesté en doutant de l'utilité d'un 4e mandat de Bouteflika : «Pensez-vous qu'un 4e mandat rendra service à l'Algérie '» Ahmed Ouyahia, qui avait formulé sa pensée sous la forme interrogative, ne pouvait, comme tout bon sens, imaginer un moment, dans le contexte de l'époque, que le chef de l'Etat n'allait pas prendre sa retraite. Le commis de l'Etat en savait certainement quelque chose du train-train de la gestion des affaires de l'Etat et leur ralentissement dû, entre autres, à la maladie du Président, et ce, avant même qu'il ne soit victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC) en avril 2013.La seconde avait trait, bien évidemment, à ses déclarations sur l'argent sale qui avait atteint les rouages de l'Etat. «L'argent commande en Algérie, il commence à gouverner et à devenir un argent mafieux», a soutenu Ahmed Ouyahia qui, par la même occasion, avait refusé d'endosser l'échec seul, en disant que «l'échec du gouvernement c'est un échec collectif et que la responsabilité est aussi collective». C'est-à-dire celle du président Bouteflika n'était pas non moins engagée. L'ancien secrétaire du RND disait vrai ! Seulement ses déclarations n'arrangeaient pas les plans du clan présidentiel qui se projetaient, cela s'est vérifié finalement dans le 4e mandat. Preuve en est aujourd'hui, le chef de l'Etat veut succéder à lui-même en déposant officiellement sa candidature auprès du Conseil constitutionnel. Ahmed Ouyahia payera cash son insubordination. Il sera remplacé à la tête du gouvernement par Abdelmalek Sellal et ne tardera pas à être poussé vers la porte de sortie de la direction du RND par la voie d'une fronde savamment orchestrée.Le voir aujourd'hui revenir à la politique, par le biais du staff de campagne de Abdelaziz Bouteflika, comme le laisse croire certaines informations publiées dans la presse, est d'une part surprenant parce qu'il serait en parfaite contradiction avec ses précédentes sorties médiatiques avant de quitter ses fonctions, mais d'autre part, très logique au parcours de l'homme en tant que «bon exécutant», ou en tant que «commis de l'Etat», comme il aime le dire à chaque fois. La seule question qui se pose enfin, c'est de savoir si Ahmed Ouyahia s'inscrit dans un deal qui le projetterait encore au devant de la scène après l'élection présidentielle du 17 avril prochain.




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