Algérie

L’engagement social 2024-2029 Construire du commun



Publié le 11.09.2024 dans le Quotidien l’Expression

Un coup d'oeil d'ensemble sur le programme électoral d'Abdelmadjid Tebboune révèle avant tout la constance de l'intérêt porté aux politiques sociales qui ressort de l'axe 1 intitulé «Front social» et de l'axe 2 formulé «Cadre de vie et Environnement». Celles-ci sont liées aux mutations de la société algérienne durant les 60 années écoulées, marquées par une démographie croissante et une hausse incessante des besoins en biens et en services qui ont multiplié les attentes collectives et individuelles. Aussi traduisent-elles un engagement social constant de l'État qui prend racine dans des acquis fondamentaux que sont les principes d'égalité et de justice sociale. Un tel engagement tire sa légitimité des discriminations constantes que la société a subies durant la période coloniale. Pendant plus d'un siècle en effet, génération après génération, les Algériens ont enduré une triple inégalité
1- inégalité d'accès au droit;
2- inégalité d'accès aux meilleures positions de la hiérarchie administrative et sociale;
3- inégalité d'accès aux ressources de leur propre pays. Ce sont ces inégalités qui ont nourri la résistance anticoloniale et son ultime épisode, la Révolution de 1954. Après l'indépendance, l'État national est allé logiquement à rebours d'un tel héritage en arborant des politiques dédiées à l'égalité des droits et aux pratiques solidaires, tant au niveau global et des groupes spécifiques qu'à l'échelle des individus vulnérables. D'où la part importante dans le budget de la sécurité sociale et celui de la collectivité nationale des transferts sociaux, ainsi que des subventions des produits de base, de l'électricité, du gaz et de l'eau, en plus des aides directes aux ménages et aux personnes. Les statistiques font état de 5 000 milliards de dinars en 2023, soit l'équivalent de plus de 37 milliards de dollars. À elle seule, l'allocation chômage a dépassé les 457 milliards de dinars ayant bénéficié à plus de 2,3 millions de personnes. À la redistribution des ressources, se greffent des dotations budgétaires pour le fonctionnement des secteurs de la santé, l'éducation, la formation, les oeuvres universitaires, l'habitat, la culture, la jeunesse et celui des sports. C'est dire la place saillante du social dans l'argumentaire de l'État algérien dont les interventions soutenues, année après année, connaissent un regain dans le dessin présidentiel 2024-2029. Elles expriment tout à la fois une réponse objective à des attentes séculaires, un effort social consenti par la nation pour réduire les inégalités en son sein et une volonté manifeste de préserver la société de l'emprise d'un économisme coupé des réalités de la société. C'est pourquoi les débats récurrents sur les subventions d'ordre social dont les défenseurs de l'orthodoxie libérale dans notre pays prônent sans répit la suppression, restent pour l'heure sans effet sur la volonté politique de les maintenir. La pertinence de ce maintien ne fait aucun doute parce qu'il entretient le lien entre l'activité économique et les valeurs du vivre-ensemble. C'est donc un élément central de la cohésion sociale, c'est-à-dire de ce qui scelle les retrouvailles des Algériens entre eux après de graves divergences, les rapproche et cimente les esprits au sein des lieux de socialisation où ils font communauté citoyenne. Parmi ces lieux, figure en bonne place celui des agglomérations qui apparaît dans l'axe 2 du programme sus-évoqué et où vivent en 2022, selon les estimations, deux tiers de la population, soit 32 millions de personnes réparties dans les villes et les quartiers urbains qui les entourent, ainsi que sur des sites nouveaux érigés en de simples concentrations au sein des communes. C'est un nombre considérable qui vient d'être remis d'aplomb à la place qui lui sied dans l'action publique. Autant dire que la relance de la politique volontariste de la ville intervient en temps utile en raison de l'extension rapide du tissu urbain enregistrée ces dernières années, ainsi que d'une dégradation avérée des conditions de vie des citadins. D'où la mise en avant du rôle des administrations concernées, appelées à prendre des décisions et à mener des actions assidues dédiées à l'urbanisme proprement dit avec ses multiples facettes, mais aussi aux domaines classiques de la politique urbaine, à savoir les services publics, les maux sociaux, les conflits de voisinage, le trafic de drogue, l'incivisme, l'activité économique et commerciale, les espaces sportifs et de convivialité, les espaces verts, la propreté, la dépollution, le renouvellement urbain, la tranquillité, la sécurité... De plus, ladite politique fait explicitement le lien entre la ville et la notion d'environnement. Cette notion exprime le fait que «l'environnement est moins ce qui entoure que ce qui inclut» (dixit Vidal de La Blache, géographe), c'est-à-dire qu'il «unit les choses et les êtres» dans un même cadre qualifié d'écologie depuis le Sommet de la terre (1972). C'est, pour faire simple, un domaine où se croisent au sein de nos villes les divers problèmes y afférents. En dernière analyse, la politique urbaine vient en renfort des autres politiques sociales avec lesquelles elle a en commun un enjeu crucial qui est de construire du commun en régénérant un lien social rudement fragilisé par des crises successives.
*Membre du Conseil de la nation
Hachemi Djiar



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