Algérie

"L'ENFANT DES AURÈS", DE ZINE BAKHOUCHE




"Le petit ne doit pas avoir une vie de misère comme nous." La phrase est lancée par une mère chaouia à son mari qui lui demande s'il doit envoyer leur petit (d'une famille nombreuse) pour étudier en ville. Cela résume le souci d'une famille démunie qui habite un douar (hameau) perdu dans la région de Khenchela, qui a connu les affres du colonialisme. Nous sommes en 1964, deux ans après l'indépendance. Les séquelles de la guerre sont encore omniprésentes, mais un grand, un énorme espoir est partagé par les citoyens. Ils caressent le rêve de voir la nouvelle génération, fils, filles et descendant vivre une ère nouvelle : aller à l'école, apprendre, porter des vêtements propres, dormir sur de vrais matelas, manger à table et réviser les leçons même tard dans la nuit puisque ils n'auront plus besoin de bougie. Seddik (surnom de l'auteur) est le héros de ce récit autobiographique qui retrace l'itinéraire d'un enfant de la montagne (douar de Babar dans la région de Khenchela), qui non seulement avait des difficultés matérielles, mais aussi des barrières psychologiques, puisque en quittant son village natal, il se rend compte que sa langue maternelle à une superficie d'usage très réduite. Ses débuts scolaires seront en langue arabe, il doit faire plus d'efforts que les autres ; il s'interroge alors sur l'égalité des chances et la répartition des richesses. Son village, ses parents, ses voisins du douar ont contribué énormément à la guerre de libération, mais ils n'ont rien ou presque en contrepartie. Beaucoup de questions restent sans réponses : être obligé de quitter sa famille, ses amis et même sa petite amie avec qui il gardait les moutons et qu'il aimait tendrement... Pourquoi ne pas avoir le confort comme en ville ' Après ses années de lycée et son internat, un autre départ attend Seddik, cette fois vers Constantine, après sa réussite au baccalauréat. A ce parcours scolaire, se greffent les aléas de la vie : la mère qui veut à la fois garder son fils qui a grandi mais qui veut aussi le voir s'épanouir ; des amours incertaines car jamais ou presque jamais dites ouvertement ; des amis qui n'ont pas eu la chance de faire des études puisque le cursus s'arrête au primaire ; un père qui décède après avoir donné ce qu'il possède pour voir l'enfant des Aurès réussir. Le départ prématuré du douar semble avoir été un prélude pour les grands voyages qui attendait Seddik, qui après avoir quitté le pays n'ayant pas supporté le contexte des années 1970/80, revient en Algérie, dans les années 1990, dans l'espoir de faire profiter ses compatriotes de son savoir, en tant qu'enseignant à l'université (docteur en géographie urbaine). Mais l'enfant des Aurès constate en toute impuissance que beaucoup de ses collègues sont victimes du terrorisme. Après avoir choisi une chambre d'étudiant au lieu d'un fauteuil de responsable, il reprend le chemin de l'exil. Il vit actuellement en France.R. HNomAdresse email




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