Algérie

L'enfant, cet homme de demain!



L'actualité nationale et internationale avait relégué au second plan la célébration de la Journée mondiale de l'enfant, commémorée le
20 novembre de chaque année. Noyée dans des préoccupations, terre à terre, la question de l'enfant est pratiquement négligée, qui ne fait pas courir la société civile et encore moins les partis politiques, les mieux placés pour mettre en alerte les autorités publiques. En fait, la notion même d'enfance est connotée de vacuité dans un pays qui n'a pas su faire la paix avec lui-même pour réellement prendre en charge et surtout en considération de ces enfants qui sont les adultes de demain, c'est- à-dire appelés à prendre la relève. Former la jeunesse d'aujourd'hui, c'est préparer les hommes de demain. Encore faut-il que les responsables, administratifs, politiques, sociaux, éducationnels, culturels prennent en compte cet avenir et le devenir futur du pays. C'est loin d'être évident en Algérie qui, dans ce domaine, reste éloignée des normes usitées ailleurs dans le monde. Ce ne sont pas uniquement les autorités publiques qu'il convient de pointer du doigt pour n'avoir pas pris correctement en charge les problèmes de l'enfant et de l'enfance. Les parents restent en fait au premier rang pour manquement à leur devoir d'éducateurs. Le constat est sans doute sévère, mais les faits sont là: enfants abandonnés, délinquance précoce, éducation insuffisante et inappropriée sont autant de maux qui frappent de plein fouet les enfants en Algérie et, partant, formatent la génération de demain censée prendre en charge les destinées du pays. En fait, c'est la manière avec laquelle les questions inhérentes à l'enfant et à l'enfance sont abordées qui fait problème dans la mesure où la tendance est plutôt de minimiser - sous le concept du «ster» on cache la fille mère, l'omerta est de mise sur ce qui déplait ou peut faire scandale - les causes pour se focaliser sur les effets. Ainsi, en Algérie, la notion d'abandon demeure entachée d'opprobre et de condamnation, induite par la croissance des naissances marginales et illégitimes. A en croire l'Observatoire des droits de l'enfant (ODE), entre 3 000 et 5 000 enfants naissent sous X sur 800 000 naissances par an en Algérie. Cela peut paraître minime mais reste cependant énorme pour l'Algérie. Le problème des naissances illégitimes n'est pas nouveau en fait mais il est occulté par le poids des habitudes, de l'ignorance, voire de l'indifférence. A raison, l'ODE observe «que le problème des enfants nés sous X fait toujours l'objet d'un traitement très discret de la part des pouvoirs publics, ce qui n'apporte aucune solution». Sans nous étendre sur les statistiques qui peuvent ne pas avoir la signification qu'on leur fait dire, notons que les ONG internationales spécialisées placent l'Algérie en queue de classement pour ce qui concerne la protection de l'enfance. Ainsi, le taux de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans reste élevé même estimé à 36% en 2010 (plaçant l'Algérie au 69e rang mondial). 25 enfants sur 1000 meurent avant d'avoir un an (classant l'Algérie à la 141e place). Sur un autre plan, selon ces mêmes sources, 15% des enfants quittent l'école avant la fin du cycle primaire. Pour l'Unicef (organisme de l'ONU de défense de l'enfance), 27,2% des enfants algériens de moins de 15 ans sont analphabètes. Un énorme gâchis au regard des efforts considérables que l'Etat fournit pour scolariser les enfants. Demeure le tabou des tabous, les agressions sexuelles contre les enfants (près de 10 000 enfants ont été victimes d'agressions sexuelles en 2010 dont 80% enregistrées en milieu familial) qui sont peu, sinon pas du tout médiatisées. Les problèmes de l'enfance sont induits d'une manière générale par le développement post-indépendance et par les mutations sociologiques, pas toujours maîtrisées, qu'a connues l'Algérie durant les dernières décennies. L'Algérie est un pays jeune, dont 65% de la population ont moins de trente ans. Toutefois, une éducation inadaptée, la fuite en avant face aux vrais problèmes des enfants et de la jeunesse ont induit un climat marqué par une violence récurrente des jeunes, résultat direct de l'inattention publique et parentale, et surtout par l'absence d'initiatives en direction d'une jeunesse qui se sent abandonnée et pas en phase avec le développement du pays. Ce manque de vigilance envers les enfants et les jeunes met en équation l'avenir du pays. En étant conscient'
N. K.


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