Algérie

L'enfance sans l'art Quand l'initiation artistique vient à manquer


L'enfance sans l'art                                    Quand l'initiation artistique vient à manquer
L'enfant, dès son plus jeune âge (4 à 5 ans), est disposé - et il a les capacités -, de tout «avaler». Il peut apprendre une langue étrangère, mémoriser et reproduire un processus, développer des aptitudes (certains parlent de dons), surtout si l'apprentissage prend les allures d'un jeu ludique de découverte' Un gosse est une véritable éponge absorbante et malléable. De plus, il est curieux, caractère atavique de l'être humain - même s'il est hypertrophié jusqu'à devenir un défaut chez certaines personnes -, et est toujours en quête de nouvelles découvertes, d'où les questions en cascades dont certaines sont parfois très gênantes et que les parents redoutent tellement. Ce petit portrait-robot est dressé pour dire qu'un enfant ne demande qu'à découvrir et apprendre, surtout s'il doit en même temps s'amuser. Et y a-t-il plus amusant que de se retrouver avec plein de gosses pour pousser des vocalises, barbouiller des toiles, interpréter une histoire sur une scène ou faire chanter un instrument de musique ' La question n'attend pas réponse, mais elle pose par ricochet la problématique de l'existence, ou plutôt de l'inexistence, de programmes et d'institutions et d'un environnement adéquat pour l'initiation aux arts. Cette charge revient en premier lieu à l'école. L'institution éducative, comme son nom l'indique et au vu de sa mission qui est d'abord et avant tout pédagogique, ne doit pas se limiter à apprendre aux enfants à lire, écrire et calculer uniquement. La pédagogie est l'exploitation de tous les instruments et moyens éducatifs pour former un individu éveillé, cultivé et «productif» pour la société. Le sociologue Emile Durkheim (1858-1917), qui est l'un des fondateurs de la sociologie moderne, définit la pédagogie comme une «réflexion appliquée aussi méthodiquement que possible aux choses de l'éducation [']. L'éducation est l'action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l'enfant un certain nombre d'états physiques, intellectuels et mentaux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulièrement destiné». Ainsi, il s'agit de savoir quelle société on veut avant de développer la politique éducative qui contribuera à la former. Responsables et décideurs soutiennent dans leurs discours qu'ils travaillent au développement social qui devra mener la société vers la modernité. Mais à voir l'état du premier instrument de développements «physiques, intellectuels et mentaux» de nos enfants, l'école, on ne peut que relever le hiatus entre les dires et les faits. L'école algérienne arrive tout juste à assurer l'enseignement de base et se débat depuis plus d'une décennie dans un fouillis de problèmes allant des conditions socioprofessionnelles déplorables des travailleurs, qui lui valent des grèves à répétition, aux surcharges des classes, en passant par le manque de personnel, la faiblesse de niveau des encadreurs, l'inadéquation et la lourdeur des programmes, le bourrage des
emplois du temps' Que dire alors des arts qui n'ont eu droit qu'à deux petites heures dans l'emploi du temps du premier palier, et encore, car c'est uniquement sur le papier ' En réalité, ces cours d'éducation artistique ne sont pas assurés. Et si des écoles font exception, elles n'ont souvent pas le matériel nécessaire, voire l'enseignant. Les arts sont donc chassés de l'école, et tous les discours ne peuvent changer cette réalité. Dès lors, il ne reste plus que les conservatoires, les associations et les structures culturelles (maisons de la culture et théâtres) pour prendre en charge l'apprentissage des enfants. Mais ces organismes qui se concentrent dans les grandes villes, ne peuvent prendre tous les enfants intéressés. De plus, l'offre ne concerne souvent qu'un art et l'enfant n'a pas toujours le choix, non parce que ces structures ne veulent diversifier leur enseignement mais parce qu'elles n'ont pas les moyens de le faire et aucune institution ne les aide vraiment à élargir leur sphère et leur horizon. Ainsi, la boucle est bouclée et on revient vers l'Etat dont, et tout le monde le sait, le soutien à la culture est indispensable, voire vital, si on veut réellement former les enfants d'Algérie, tous les enfants, pour qu'ils soient les artisans d'une société et d'un pays modernes et ouverts au monde dans toute sa riche diversité.
H. G.
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