Algérie

L'énergie, toujours



L'aveu est de taille et prend une symbolique tout autant particulière lorsque l'un des plus farouches défenseurs de l'austérité économique, M. Ahmed Ouyahia, reconnaît que le pays accuse une situation catastrophique en matière de climat des affaires. Il reconnaît cette impuissance du pays à mettre en place un dynamique climat des affaires, ce qui est en soi une prouesse politique et une certaine sincérité dans la conduite des affaires économiques du gouvernement.A la conférence de la Banque mondiale sur les start-up et l'accélération de l'économie numérique en Algérie, le Premier ministre affirme que le pays a ‘'encore beaucoup de progrès à accomplir pour mettre à niveau et moderniser son environnement des affaires''. Un aveu qui vaut son pesant d'or dans la gestion de l'économie nationale, jusque-là tatillonne et fortement bureaucratisée, avec un centre de décisions placé au plus haut de la pyramide. Fatalement, l'un des fléaux qui minent les économies du Sud, la bureaucratie, est explicitement reconnu par le Premier ministre qui s'est engagé, devant les institutions de Bretton Woods, à éliminer et accélérer les réformes économiques. Mieux, les déclarations du Premier ministre confirment autrement un rapide virage à droite, une reprise en main des grands leviers de l'économie nationale, en particulier le secteur des hydrocarbures.
La sortie d'Ahmed Ouyahia coïncide en fait avec les déclarations du ministre de l'Energie, selon lequel la première mouture de la nouvelle loi sur les hydrocarbures serait prête dans quelques mois. Une réforme de la loi sur les hydrocarbures qui devrait en particulier ouvrir de larges opportunités d'affaires pour les majors du secteur, notamment les grandes compagnies pétrolières américaines. L'essentiel des changements opérés dans cette loi porte sur l'élimination des entraves bureaucratiques et administratives aux investissements étrangers et, surtout, un nouveau climat des affaires avantageux et attractif pour les compagnies pétrolières étrangères. C'est en filigrane ce qu'il faut comprendre dans l'intervention lundi dernier du Premier ministre devant un panel d'experts et de représentants de la Banque mondiale et de banques internationales.
L'Algérie n'a plus les moyens financiers de survivre à une profonde crise financière qui l'empêche également d'aller seule dans l'exploration pétrolière, dans l'aventure du schiste, car cela nécessite des investissements lourds et une technologie qu'elle ne maîtrise pas encore dans l'exploration et l'exploitation des énergies non conventionnelles. Le secteur de l'Energie, qui a reçu le feu vert des plus hautes autorités pour réformer ce qu'il faut réformer dans la loi sur les hydrocarbures pour attirer de nouveau les compagnies pétrolières qui boudent depuis quelques années tous les appels d'offres d'Alnaft, sera en quelque sorte la planche de salut d'un gouvernement dos au mur. Car ce ne sont pas les réductions des déficits, même si elles sont bonnes à prendre, qui vont relancer la machine de la croissance. Dès lors, la problématique pour le gouvernement Ouyahia est simple: relancer la machine économique avec de profondes réformes législatives pour attirer de nouveau, même si la règle 51/49 ne sera pas supprimée, les grands investisseurs.
Il y aura également ce que les partenaires étrangers avaient toujours réclamé, de ‘'la transparence'' pour ‘'donner de la visibilité à nos partenaires et de leur assurer la sécurité de leurs investissements''. Des propos du chef du gouvernement qui veut rassurer les investisseurs potentiels sur le nouveau climat des affaires qu'il veut instaurer, non seulement pour faire sortir le pays du ‘'ghetto'' économique dans lequel l'a plongé une administration tatillonne, qui a toujours la tête dans l'économie planifiée, mais également pour recontextualiser, surtout, le secteur de l'Energie par rapport aux enjeux futurs, ceux des énergies durables, propres, à bas coût.


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