Algérie

L'énergie peut panser les blessures du passé



La guerre en Ukraine demande une nouvelle stratégie politique, mais aussi économique et géographique. Les Européens veulent se libérer du gaz et du pétrole russes; les Africains, qui vivent une grande distorsion entre une démographie galopante et une croissance économique modeste, ont de l'énergie et recherchent du blé et des oléagineux. Dans cette nouvelle donne énergétique, l'Algérie a un rôle-clé à jouer. C'est ce que livre en préambule l'article du quotidien français Le Monde: «L'Algérie peut devenir la 'pile électrique' de l'Europe». À travers ce dernier, le journal, dans son édition du 14 avril dernier, offre, ainsi, la tribune à Jean-Louis Guigou, fondateur de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) qui plaide pour une communauté euro-méditerranéenne de l'énergie. Cette analyse, fait ressortir l'importance du duo France-Algérie dans la stratégie énergétique euro- méditerranéenne. L'auteur fait le parallèle entre l'Europe de l' après-guerre et les perspectives qu'offrent les bouleversements géostratégiques actuels. Pour surmonter le passé douloureux des deux guerres mondiales, les Allemands et les Français avaient eu l'intelligence et le courage de se lier par l'énergie en créant, en 1952, la Communauté économique du charbon et de l'acier (Ceca). Ils ont invité les autres pays européens à les rejoindre. Ce fut un succès. L'énergie est un domaine capable de déclencher une intégration régionale de grande ampleur, dans la durée. C'est ainsi qu'en 1957 fut créée la Communauté économique européenne (CEE). Est-il rappelé en indiquant que pour dépasser les traumatismes de l'histoire, il ne peut y avoir qu'un projet historique ambitieux. «Pourquoi ne pas imaginer mettre en place cette communauté euro-méditerranéenne de l'énergie qui associerait, sur le long terme, des pays producteurs et des pays consommateurs'». S'interroge Guigou qui renvoie à une communication conjointe de la Commission européenne et de la haute faisant état, dès 2011, d'une «communauté de l'énergie entre l'Union européenne et le sud de la Méditerranée s'adresserait d'abord aux pays du Maghreb et pourrait progressivement se répandre aux pays du Machrek». «Dix ans plus tard, nous n'avons pas avancé. Nous n'avons pas su nouer un partenariat stratégique entre les deux rives de la Méditerranée, fondé sur des coproductions et le partage de la valeur ajoutée. La guerre en Ukraine éclaire, aujourd'hui, les inconvénients lourds de l'absence d'une stratégie énergétique euro-méditerranéenne.» Poursuit-il en estimant qu'en moins de dix ans, la rive sud de la Méditerranée pourrait compenser, avec les hydrocarbures d'abord puis le solaire, l'énergie achetée à la Russie. En échange, l'Europe s'engagerait à livrer préférentiellement aux pays du nord de l'Afrique, de l'Egypte au Maroc, les céréales et les oléagineux dont ils ont besoin tout en leur apportant un soutien pour reconstruire leur potentiel de production. Dans cette perspective, l'Algérie, avec son riche potentiel d'énergies fossiles et solaire, sa position géographique de noeud pour un réseau de gazoducs entre l'Egypte, le Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie et l'Europe à travers l'Italie et l'Espagne, peut devenir la «pile électrique» de l'Europe. Elle peut aussi ouvrir en profondeur le continent africain aux productions européennes grâce au projet de la route transsaharienne qui reliera les ports méditerranéens au Sahel et à l'Afrique profonde pour déboucher dans le golfe de Guinée.En initiant ce triple accord euro-méditerranéen sur l'énergie, les productions agricoles et la valorisation de la Transsaharienne, l'Algérie et la France impulseraient un projet mobilisateur comme le fut naguère la Ceca, offrant des perspectives de développement sur le long terme, valorisant la proximité, la complémentarité et la solidarité face aux enjeux qui nous menacent tous. Conclut Jean Louis Guigou.


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