Algérie

L'empreinte d'un maître de l'andalou


Un hommage posthume a été rendu au défunt musicien Mohamed Mazouni, jeudi soir, au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba.C'est à l'initiative des associations musicales andalouses El Fakhardjia et El Djazira, avec la collaboration du palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba, qu'une assistance nombreuse est venue assister à l'hommage, placé sous le signe de la mémoire et du souvenir. La soirée est étrennée dans la pure tradition algéroise avec les sons de la zorna.
A travers cette belle prestation ? invitant à la nostalgie d'antan ? un avant-goût de la soirée est donné, sous des applaudissements et des youyous des plus chaleureux. Dans une introduction des plus magistrales, le journaliste et écrivain Abdelhakim Meziani a rappelé brièvement le parcours du défunt artiste Mohamed Mazouni, en soulignant qu'il était détenteur d'une dimension humaine exceptionnelle.
Un homme qui a marqué son époque de son empreinte. Le défunt était un artiste et un musicien, qui a hérité des grands maîtres durant tout son parcours. Il a fait ses premières classes avec son professeur, Abdelkrim Mhamsadji, en 1946. Une année plus tard, il aura comme professeur au Conservatoire d'Alger Mohamed Fakhardji. Il décroche, en 1950, le prix du Conservatoire sous la baguette de Mohamed Fakhardji. Né à Koléa en 1921, et décédé en 1990, Mohamed Mazouni était également professeur au niveau de l'association Gharnatia de Koléa.
C'est justement grâce aux précieux conseils du défunt que Gharnatia a perpétué cet art. Abdelhakim Meziani souligne qu'il «faut rendre justice à ce monsieur, dont l'idée fondatrice a permis à une localité à vocation agricole d'atteindre une notoriété jamais imaginée. Boualem Kherrous, l'actuel président de Dar El Gharnatia, lui en est entièrement reconnaissant et met à chaque fois l'accent sur le rôle conjoint joué par mes amis Mahieddine Bellouti et Mohamed Mazouni dans l'introduction de l'art musical andalou à Koléa».
Place ensuite au déroulé de la soirée. Le rideau se lève sur l'imposant ensemble de l'association andalouse El Fakhardjia, riche d'une trentaine de musiciens, pour la plupart d'âge mûr. Avec dextérité et rigueur, les artistes interprètent royalement une nouba dans le mode Maya, sous la direction du chef d'orchestre Youcef Fenniche. Au fil des enchaînements, des voix féminines et masculines sublimes ont transporté les mélomanes dans un monde enchanteur.
En témoigne ce m'ceder Atrouk hadidh El Ness, interprété par Mokdad Zerrouk, cet instikhbar Maya, repris par Abdelouaheb Nefil, ou encore cet insiraf In khana rafani Allah, chanté par Kahina Mokdad. La deuxième partie de la soirée est animée par l'association El Djazira, dont le fondateur n'est autre que Bachir Mazouni, le fils du défunt Mohamed Mazouni. Constituée de plus d'une trentaine de musiciens, El Djazira a présenté, pour sa part, la nouba Raml dans la pure tradition andalouse.
Comme à l'accoutumée, le chef d'orchestre Bachir Mazouni a dirigé d'une main de maître les musiciens, tout en adoptant la position debout. Tout au long du temps qui lui a été imparti, l'association El Djazira a mis en avant-plan des solistes, qui ont interprété, certes, des titres connus des mélomanes, mais avec un cachet unique au niveau de l'interprétation. L'association El Djazira a tenu, en outre, durant cette soirée, à dévoiler le travail de création qui a été fait jusque-là.
En effet, le public a découvert deux nouvelles créations. La première composition repose sur un texte andalou, un inquilab Moual, Fi Kalbi Monthar, avec une ouverture universelle, chanté par une soliste et joué par un virtuose du piano. Le deuxième morceau interprété, Sbah ou achia, est un texte écrit par Mohamed Mazouni, mais avec un nouvel arrangement signé par Bachir Mazouni.
Lors de cette soirée, Bachir Mazouni a confié qu'en 1974, avec Habib Stambouli, a été montée une opérette intitulée Medjnoun Inchbilia (Le fou de Séville). Cette dernière, qui a été interprétée à l'Opéra d'Alger, a été créée avec de la musique andalouse dans le mode Ghrib. Rencontré en aparté, Bachir Mazouni nous a confié que le parcours artistique de son défunt paternel est vaste et immense à la fois. Il rappelle que son père a été l'un des premiers enseignants de l'association Dar El Gharnatia.
Il est allé ensuite vers l'association musicale andalouse Bachtarzia. Il a été également, dans les années 1970, à l'origine de l'Ecole de musique de la Sonatrach. «Cet hommage, dit-il d'une voix émue, est une reconnaissance à ce qu'il a donné comme valeur et éducation, mis à part la musique, car celle-ci n'est qu'un lien en fin de compte. Cet hommage reflète un peu son parcours artistique et son parcours humain. C'est le premier hommage officiel qui est organisé de cette envergure au niveau d'une structure qui dépend du ministère de la Culture.
Je remercie toutes les personnes qui ont contribué et collaboré à l'organisation de cet hommage.» Il est à noter que Bachir Mazouni s'est vu remettre une plaquette commémorative de Brahim Bahloul et un coffret de CD du président de l'association Dar El Gharnatia, Boualem Kherrous. En outre, les organisateurs de cette manifestation ont tenu à honorer Lamine Bechichi, l'un des pionniers de l'information durant la Révolution algérienne.
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