Algérie

L'emploi informel absorbe 56% de la main-d''uvre juvénile



L'étude intitulée "La jeunesse algérienne : vécu, représentations et aspirations", menée dans le cadre du projet Sahwa financé par l'UE, permet d'apporter un nouvel éclairage sur la situation des jeunes Algériens de 15 à 29 ans, qui représentent 26,2% de la population en 2015.L'emploi informel absorbe près de 56% de la main-d'?uvre juvénile. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par des chercheurs du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), présentée hier au siège du Forum des chefs d'entreprise (FCE) à Alger par Nacer-Eddine Hammouda, statisticien-économiste et directeur de recherche au Cread. L'étude intitulée "La jeunesse algérienne : vécu, représentations et aspirations", menée dans le cadre du projet Sahwa financé par l'UE, permet d'apporter un nouvel éclairage sur la situation des jeunes Algériens de 15 à 29 ans, qui représentent 26,2% de l'ensemble de la population résidente en 2015. L'exclusion scolaire, qui paraît préoccupante dans les résultats de l'enquête, a des effets négatifs sur l'insertion professionnelle des jeunes Algériens. Selon l'enquête, l'exclusion du système éducatif (analphabète, sortie avant seize ans ou sans atteindre la quatrième année moyenne) touche plus de 30% des 15-29 ans. La formation professionnelle ne prend pas le relais du système éducatif de façon systématique. "À peine un cinquième a bénéficié d'une formation professionnelle", a constaté Nacer-Eddine Hammouda. Bien que la catégorie des exclus soit la plus vulnérable dans la société, elle est moins prise en charge par la formation professionnelle et la politique de l'emploi. Parmi ceux qui ont accès à la formation, beaucoup n'effectuent pas de stage pratique. Ce qui montre le manque de coordination entre le système éducatif et le monde de l'entreprise. Ce phénomène social d'exclusion scolaire conduit les jeunes hommes vers le marché informel, et les jeunes filles vers l'inactivité. Le manque d'opportunités d'emploi et le dysfonctionnement entre la formation professionnelle et le marché du travail engendrent, par ailleurs, l'implication du réseau de relations dans l'accès au stage et à l'emploi. Le manque d'opportunités d'emploi est devenu un élément structurant le marché du travail algérien. Cette rareté a induit l'implication du réseau de relations comme stratégie dans l'accès aux emplois existants. Les données de l'enquête quantitative Sahwa confirment cette hypothèse : plus de 59% des jeunes ont obtenu leur emploi actuel par le réseau de relations (familial ou personnel). L'étude relève également la faible part de la régulation institutionnelle dans l'organisation du marché du travail juvénile. Près de 8,3% seulement des jeunes occupés ont accédé à cet emploi par l'Anem, 1,7% par les agences de placement privées, 1,2% par les dispositifs de création d'entreprise et 2% via les institutions de formation professionnelle. Cette première lecture reflète fortement les caractéristiques du marché du travail algérien : faiblesse de la régulation institutionnelle, du fait même de la nature des emplois créés par l'économie et sa substitution par le réseau de relations. L'intermédiation institutionnelle de par la réglementation ne peut intervenir que dans la sphère de l'économie formelle. Sachant que plus de la moitié des emplois occupés par les jeunes relèvent du secteur informel, ils ne pouvaient y accéder que par des moyens informels. Nacer-Eddine Hammouda évoque la précarité de l'emploi. "60% des jeunes (15-29 ans) sont touchés par la précarité de l'emploi, tandis que la moyenne d'inactivité des diplômés dépasse cinq années", alerte le chercheur. 40% des jeunes de 15-29 ans ont des emplois non précaires. Nacer-Eddine Hammouda a parlé d'une troisième catégorie de jeunes qui ne sont ni dans les études ni occupés. Près de 20% des 15-29 ans ne sont plus scolarisés ou ne travaillent pas.

M. R.


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