L'empire jaune de la corruption

[Le recours aux entreprises chinoises ne se justifie pas seulement par leur efficacité, mais surtout par la corruption]Le recours aux entreprises chinoises ne se justifie pas seulement par leur efficacité, mais surtout par la corruption
Les entreprises chinoises sont aujourd'hui présentes dans presque tous les grands projets d'infrastructures.
Les entreprises chinoises baignent dans l'environnement des affaires
algériennes comme des poissons, très à l'aise, dans l'eau, leur milieu de prédilection. Mais pourquoi cette pléthore d'entreprises chinoises en Algérie' Les Chinois ont pratiquement raflé tous les marchés. Le recours aux entreprises chinoises ne se justifie pas seulement par leur efficacité, mais surtout par la corruption. Apparues sur le marché algérien au début des années 1980, les entreprises chinoises sont aujourd'hui présentes dans presque tous les grands projets d'infrastructures lancés au début des années 2000. Au bout de quelques années, les Chinois ont fait main-basse sur les grands et mégaprojets infrastructurels. Vraisemblablement très efficaces, les Chinois évincent désormais Français, Allemands et Américains par leurs parts du marché algérien, mais aussi par leur nombre. 30.000 Chinois ont été recensés en Algérie, ce qui constitue la plus forte communauté étrangère dans le pays. Peu à peu, les Chinois ont progressivement investi les villes et ouvert des commerces. L'obtention du marché de la Grande Mosquée d'Alger, troisième plus grand édifice religieux au monde, peut refléter la l'important rôle que jouent les Chinois dans l'économie algérienne.
Le premier grand projet réalisé est le nouvel aéroport international d'Alger.
Le projet de parachèvement du terminal international Houari-Boumediene a été confié en 2003 au groupe chinois Cscec pour un montant de 2,6 milliards de dollars. Ce groupe a raflé par la suite la réalisation du nouveau siège du ministère des Affaires étrangères, celui du Conseil constitutionnel, la construction de l'hôtel Sheraton à Alger ainsi que des dizaines de projets de logements sociaux à Alger, Sétif, Annaba, Constantine, Oran. La Cscec possède actuellement des chantiers dans presque toutes les wilayas du pays.
Les tronçons ouest et centre de l'autoroute Est-Ouest, ont été confiés en 2006 au groupe Chinois Citic/Crcc. On estime à plus de 200 millions d'euros le montant des pots-de-vin versés par les Chinois à des intermédiaires algériens et étrangers pour obtenir le seul marché de l'autoroute Est-Ouest et débloquer le recouvrement des créances détenues auprès des autorités algériennes. Ce n'est pas tout. Les produits chinois contrefaits envahissent et dominent le marché algérien. Par ailleurs, la décision d'exclusion d'entreprises chinoises, la première en Algérie, aura sûrement des effets négatifs. Les entités chinoises, qui ont damné le pion à toutes les autres, ont construit de véritables empires en Algérie.
Le pôle judiciaire spécialisé du tribunal d'Alger a prononcé, mercredi dernier, dans le cadre de l'affaire de l'ex-conseiller du P-DG d'Algérie Télécom, Mohamed Boukhari, et de l'homme d'affaires Mejdoub Chani, une exclusion des marchés publics pour une durée de deux ans assortie d'une amende de 3 millions de dinars, contre les deux équipementiers chinois: une sociétés publique, ZTE Algérie et l'autre privée, Huaiwei Algérie. Elles sont poursuivies pour corruption, trafic d'influence et blanchiment d'argent, commis durant les années 2003 et 2006.
La justice a, en outre, condamné par défaut à dix ans de prison ferme, trois cadres de ces deux sociétés. Des mandats d'arrêt internationaux ont été lancés contre eux. ZTE a été également épinglée par les services des Douanes pour une affaire de surfacturation. Les deux sociétés chinoises ont déjà été condamnées pour des affaires similaires dans d'autres pays, comme les Philippines et la Norvège. Très présentes en Algérie, la plupart des équipements d'AT proviennent des deux entreprises sus-citées.
Or, les installations Msan, pour les deux phases, ont été acquises auprès de Huawei et ZTE. Pour ne citer que cet exemple, le programme de déploiement du noeud d'accès multiservices (Msan) (téléphonie, télévision et Internet très haut débit) est lancé en 2010 par Algérie Télécom (AT).
Après l'accomplissement de 80% des objectifs de la première phase, dans cinq wilayas, l'opérateur public a entamé la deuxième phase dans 14 autres wilayas du pays. Au total, un million d'accès devraient êtres opérationnels à la fin de la 2e phase.
Dès lors, que deviendra l'ensemble des équipements fournis par les entreprises sus-indiquées présentes dans les projets de renforcement et d'augmentation de la capacité du réseau et la mise en place d'un réseau de fibres optiques.