L'Emir, un modèle pour notre époque

De notre envoyée spéciale à TlemcenWafia Sifouane

Pour la troisième journée du colloque international «l'Emir Abdelkader, homme de tous les temps» qui prendra fin aujourd'hui au palais de la culture Imama, les conférenciers se sont intéressés à l'engagement de l'Emir dans la défense des droits de l'homme, et cela à travers différentes lectures de son parcours et de ses réalisations. Pour la séance de la matinée de la journée d'avant-hier, présidée par la Japonaise Yuko Toshibori, les présents ont eu droit à plusieurs communications autour de cet axe dont celle de Mohamed Ikbal Ahmed Ferhat des Emirats arabes unis, qui a abordé le rôle qu'a joué l'Emir pour apaiser les tensions entre les tribus et aplanir les différends ethniques, leur évitant ainsi de s'entretuer. «L'Emir a joué un rôle très important au XIXe siècle qui a connu d'énormes changements et l'apparition de nouvelles puissances mondiales à l'image de la Russie et de la France. Parmi ces actes, l'Emir a protégé les chrétiens libanais lors de son exil à Damas», dira-t-il. Quant au Dr Mustapha Labib Abdelghani de l'université du Caire, il a effectué une comparaison entre l'Emir et son maître Ibn Arabi dans laquelle il a trouvé plusieurs points communs. «L'Emir et Ibn Arabi ont toujours privilégié de divulguer les points communs des différentes croyances, tout en tolérant les différences des autres», déclare le conférencier. «Notre temps est marqué par les luttes de civilisations et la montée du fanatisme, c'est pour cela que l'humanité se doit d'écouter Ibn Arabi et l'Emir Abdelkader qui sont des modèles» pour notre époque, ajoutera l'universitaire égyptien. La chercheuse Anaïs Massot de Leiden University de Hollande, est, elle, revenue sur l'une des périodes phares de l'existence de l'Emir, à savoir son exil, tout en soulignant la grande contribution de ses alliés qui l'ont aidé à établir sa notoriété à Damas. «Arrivé à Damas, l'Emir était accompagné de sa famille, ce qui l'a vraiment aidé. Son réseau de contacts lui a également facilité son intégration au sein de la société», indique la chercheuse. «L'émir était un homme sage qui a su s'intégrer à travers le commerce, l'acquisition de biens importants et qui a été aux petits soins avec ses contacts à Damas. Ces amis étaient des gens importants, des oulémas, des gens du pouvoir», affirme Mme Massot. «L'Emir a su s'entourer de personnes influentes. La plupart de ses connaissances siégeaient au Madjless. Aisé financièrement grâce à la pension qu'il percevait, l'Emir a acheté des maisons pour ses alliés», ajoutera l'universitaire hollandaise. La conférencière reviendra également sur le rôle de conciliateur qu'a joué l'Emir durant son exil. «Lors du conflit entre les Druzes et les Maronites, en 1860, l'Emir a intervenu sauvant ainsi plus de 5000 Druzes, et cela malgré les différences religieuses existantes», dit-elle. «L'Emir a d'abord privilégié l'homme», conclut-elle.