L’Emir Khaled

Premier nationaliste et premier patriote (8ème partie) «Dans notre conception, notre mouvement n’est pas religieux, mais essentiellement politique, car il ne s’agit que de l’Indépendance des pays musulmans...» «...Il faudra plusieurs années pour que l’Idéal devienne Réalité. Que sont peu d’années dans la vie de l’Islam? Comme une feuille dans l’immensité du désert...» «...Nos enfants avalent aujourd’hui de leurs mères un sang empoisonné de Liberté...» «...La résurrection de l’Islam (n’est pas) une question religieuse, mais le réveil des races asiatiques et nord-africaines, après avoir illuminé le monde ancien, car les grandes civilisations arabe et indienne se sont endormies pendant des siècles. Aujourd’hui a commencé le réveil et ce sera un événement d’une importance mondiale, avec des répercussions décisives en Europe, au préjudice des nations européennes qui basent leur puissance politique sur l’oppression de l’Islam...» «...Pris séparément, chaque pays musulman est une bien petite chose devant la puissance militaire et économique des grandes nations de l’Europe; mais quand tout l’Islam ne formera qu’un bloc formidable du Maroc aux Indes et que, à un certain moment il agira partout avec une action violente et simultanée (ayant comme alliés formidables le temps et les distances, les déserts et les mosquées, les forces immenses des lieux et des âmes) oh! Alors je suis sûr que les grands empires coloniaux de l’Europe ne pourront pas résister au souffle de la terrible tempête, de même que ne peuvent pas résister les plus robustes chênes aux vents terribles du Pamir»... Lettre-programme adressée par l’Emir Khaled au Président du Conseil, Edouard Herriot, en juin 1924 : «Monsieur le président, les Musulmans algériens voient en votre avènement au pouvoir un heureux présage, une ère nouvelle pour leur entrée dans la voie de l’émancipation. En ma qualité d’un des plus simples défenseurs de la cause des indigènes de l’Algérie, exilé pour avoir pris ouvertement la défense de leurs intérêts vitaux, j’ai l’honneur de soumettre au nouveau chef du gouvernement français le programme de nos revendications primordiales: 1/ Représentation au parlement, à proportions égales avec les Européens algériens. 2/ Suppression pleine et entière des lois et mesures d’exception, des tribunaux répressifs, des cours criminelles, de la surveillance administrative, avec retour pur et simple au droit commun. 3/ Mêmes charges et mêmes droits que les Français en ce qui concerne le service militaire. 4/ Accession pour tous les indigènes algériens à tous les grades civils et militaires, sans distinction que le mérite et les capacités personnels. 5/ Application intégrale aux indigènes de la loi sur l’instruction obligatoire, avec liberté de l’enseignement; 6/ Liberté de presse et d’association. 7/ Application au culte musulman de la loi de la séparation des cultes et de l’état. 8/ Amnistie générale. 9/ Application aux indigènes des lois sociales et ouvrières. 10/ Liberté absolue pour les ouvriers indigènes de toutes catégories de se rendre en france. Ne se trouvant pas en contradiction avec le programme libéral de votre ministère et de votre parti, nous avons le ferme espoir que nos légitimes revendications ci-dessus énoncées, seront prises en haute considération. Veuillez agréer, monsieur le président, l’expression de ma considération distinguée».   A suivre… Dr Chemyl Boutaleb El-Hassani(*) (*) Arrière petit-fils de l’Emir Khaled