Algérie

L’Emir Khaled



Premier nationaliste et premier patriote (6ème partie) L’Emir Khaled a donné deux conférences publiques à Paris le 12 juillet 1924 à la salle des «ingénieurs civils» (Rue Blanche) et le 19 juillet de la même année à l’»utilité sociale» (Boulevard Auguste Blanqui). Il fit un discours ardent dans une salle archicomble, tenant en haleine plus de 12.000 auditeurs passionnés et silencieux, l’écoutant avec un grand respect. L’assistance était composée de Nord-africains, mais aussi de Français. De très nombreux journalistes français et étrangers y avaient assisté. Etaient présents, de nombreuses personnalités algériennes de «la Fraternité Musulmane» parmi lesquelles Si Ahmed Bahloul, Si Damerdji, Hadj Ali Abdelkader, Si Ahmed Belghoul, Si Kada Bach, Maître André Berthon, Si Ahmed Tizaoui et bien d’autres encore... «La Liberté, clef du bien- être et du progrès». «L’émancipation des indigènes d’Algérie! Une nécessité absolue». «Une seule voie possible : celle qui mène à la Libération». Pour cela il faut «entrer dans la voie active des revendications»: Tels étaient les thèmes en substance de son extraordinaire discours. Il aurait peut-être aimé avoir son cheval et son fusil pour faire parler la poudre! Les éditions du «Trait d’Union» de Victor Spielmann ont rapporté les conférences sous le titre: «la situation des Musulmans d’Algérie». C’est donc devant des milliers de «Parias» (Algériens, Antillais, Indochinois, Noirs, Africains emplissant la salle pleine à craquer, la cour et le boulevard), accourus pour écouter l’Emir Khaled, que celui-ci commença son discours par: «Mes frères», en vous appelant ainsi j’obéis à un principe du Coran: surate 49/verset 13 qui dit: «O ! Êtres humains, Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus pour vous connaître, le plus estimé de vous de Dieu est celui qui se distinguera par sa bonne action». Mais ce meeting qui fut d’une ampleur imposante et qui ne devait faire l’objet que d’une conférence sur la «situation des Algériens» avec leurs «modestes revendications», montra la volonté des «colonisés» à s’affranchir. «Durant deux heures, l’Emir Khaled sut dresser un réquisitoire terriblement documenté sur les pratiques inhumaines du colonialisme, la situation atroce des esclaves algériens, la corruption administrative, les mensonges des impérialistes qui, après avoir comblé de promesses les indigènes pour les jeter dans le charnier, les repoussent aujourd’hui dans l’enfer qu’ils avaient cru aboli». En gros, et dans le volet «Revendications» l’Emir Khaled réclame: l’abolition de l’odieux régime de l’indigénat; la liberté de presse et d’association; l’amnistie générale pour toutes les victimes de la répression des juridictions coloniales; l’application des lois sociales et ouvrières; la tenue des promesses faites par le gouvernement pour obtenir le concours des populations indigènes, aux heures décisives de la guerre. En outre: il proteste et exige que le suffrage universel, dans les colonies où il existe, doit cesser d’être une déshonorante caricature; il manifeste la volonté pour les indigènes de s’unir et de s’organiser pour leur affranchissement du joug du capitalisme colonial oppresseur. A la fin du discours de l’Emir Khaled, l’auditoire en délire lui fit une formidable ovation. A suivre... Par le Dr Chemyl Boutaleb El-Hassani(*) (*)Arrière petit-fils de l’Emir Khaled




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