Algérie

L’Emir Abdelkader vit toujours en Amérique



A l’occasion du 199e anniversaire de la naissance, en septembre 1807 à Guetna, Mascara, de l’Emir Abdelkader, Bensadat Benhouna, professeur d’histoire à l’Université d’Alger, a approché El Watan pour un double objectif : relater son voyage avec son épouse Noura en mai 2005 à El Kader, la ville américaine dans l’Etat de l’Iowa, jumelée à la ville de Mascara depuis 1984 et, second objectif, tenter de sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur les opportunités délaissées de dynamiser une coopération entre les deux parties algérienne et américaine.

« Lors de notre déplacement, nous avons tenu des conférences dans des lycées, des rencontres autour de l’Emir et de l’Algérie, et tout le monde était fasciné car ne connaissant pas très bien la figure d’Abdelkader », dit Benhouna qui a produit un intéressant carnet de bord de son voyage. « En 1846, alors que l’Emir Abdelkader combattait l’envahisseur français, depuis déjà 16 longues années, trois Américains, John Thompson, Timothy Davis, et Chester Sage décidèrent de nommer leur petit campement, El Kader, pour rendre hommage à la bravoure légendaire , à l’esprit chevaleresque, et à la grandeur d’âme de l’Emir Abdelkader. Dans la presse américaine du XIXe siècle, l’Emir Abdelkader représentait le mythe de ce noble chevalier arabe qui, l’épée à la main, repoussait l’envahisseur. Dans la conscience collective, l’Emir Abdelkader ne pouvait pas manquer de rappeler aux Américains du XIXe siècle les exploits de leurs ancêtres, les pères fondateurs de la nation américaine - « the founding fathers » - tels que George Washington qui avait combattu, quelques années seulement auparavant, l’empire britannique. De nombreux historiens se plaisent à comparer l’Emir Abdelkader à George Washington », rappelle Bensadat Benhouna qui regrette que le jumelage entre les deux villes, El Kader et Mascara, n’ait pas connu de prolongement sur le plan de la coopération culturelle notamment. Le couple Benhouna a rencontré, autour d’un couscous, Edward Olson, l’ancien maire d’El Kader qui, en 1984, avait signé la convention de jumelage d’El Kader et de Mascara, ainsi que l’actuel maire Bob Garms. « Ils étaient ravis de notre visite et des échanges possibles entre nos deux cultures », dit le professeur d’histoire algérien poursuivant que « la population d’El Kader est restée attachée à l’image d’une Algérie riche de par sa culture et son histoire ». D’ailleurs, rappelle-t-il, les citoyens d’El Kader ont contribué à créer un parc au nom du fils décédé de l’ancien ambassadeur d’Algérie à Washington et descendant de l’Emir, Driss El Djazaïri. Les citoyens d’El Kader City ont nommé leur cinéma El Kader, et l’un de leurs parcs municipaux, Mascara Park. Une aile du Carter House Museum, le musée de la ville, est consacrée à l’Emir et l’Algérie. On y aperçoit des livres intitulés Djazaïr, Vins d’Algérie, Mohamed Racim, quelques portraits de l’Emir, des bibelots, des drapeaux d’Algérie, et un tapis tissé à Tiaret, etc. Mais le document le plus symbolique que garde jalousement Bensadat Benhouna est un exposé d’un lycéen d’El Kader sur l’Emir, intitulé Le Cheikh, trouvé sur le Web et datant de 1915. « Telle est l’histoire de l’homme qui donna son nom à notre ville. Un érudit, un philosophe, un amoureux de la liberté, un champion de sa religion, un leader né, un grand soldat, un administrateur capable, un orateur persuasif, un adversaire chevaleresque, le choix a bien été fait, et avec ces pionniers d’il y a 70 ans, nous faisons bien d’honorer », concluait cet exposé d’éléve de terminale d’il y a presque un siècle, de l’autre côté de l’Atlantique.




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