Algérie

«L'Emir Abdelkader trouble les esprits jusqu'à présent»


«L'Emir Abdelkader trouble les esprits jusqu'à présent»
-«L’Emir Abdelkader, homme de tous les temps», pourquoi ce thème pour ce colloque ' L’Emir Abdelkader est transnational. Il est l’homme de tous les temps,  de tous les espaces, de toutes les cultures et de toutes les religions. C’est l’homme global, «Al radjoul al kamil», l’homme universel, une idée centrale dans le soufisme et dans la gnose. De par ses principes, son vécu et son action, il était dans une transcendance spatio-temporelle. On se demande alors, s’il est encore valable aujourd’hui. La réponse est oui. Il est valable pour aujourd’hui et pour le futur. Là aussi, certaines de ses idées sont en avance par rapport à ce qu’on voit aujourd’hui dans le monde. L’Emir avait une haute moralité. Il représente, pour l’humanité entière, une source d’inspiration. On n’a pas encore bien compris l’œuvre de l’Emir Abdelkader. Ce n’est pas volontaire. Peut-on être à la fois moraliste et homme d’Etat ' Voilà le dilemme et le paradoxe que l’Emir Abdelkader a pu synthétiser et incarner… -Peut-on parler de modernité aussi ' Tout à fait. Il s’agirait même d’une post-modernité. L’Emir Abdelkader trouble les esprits jusqu’à présent. Son rapport à l’autre est une question sur laquelle on tâtonne encore. On parle de choc des civilisations. Abdelkader avait dépassé cela. Il voyait en l’autre sa propre image. Il avait ce principe de miroir et de réflexion. Pour lui, l’autre n’est que lui-même dans une incarnation différenciée. Cela entre dans le credo du «wihdat el oujoud» (l’unité de l’existence) qui est le fondement du soufisme dont il est issu et dont il est le porte-parole. L’Emir Abdelkader est actuel. Il est futuriste aussi. -Comment l’Emir Abdelkader a-t-il pu synthétiser ses différentes qualités : poète, philosophe, homme d’Etat, chef militaire, historien, mystique… ' Mes collègues qui travaillent sur le même sujet le pensent : l’Emir doit cela à son imprégnation des idées théosophiques du soufisme. Il était fils de zaouïa, zaouïa dans le sens immatériel. Il ne s’agit pas de quatre murs ou d’un édifice. On peut même dire que l’Algérie est fille de la zaouïa comme la France est la fille aînée de l’Eglise. Il s’agit d’un courant spirituel et de morale chevaleresque. Il avait eu une attitude tout à fait respectueuse vis-à-vis de ses adversaires. Cette attitude lui avait attiré l’admiration de ses ennemis. Cela est un fait tout à fait exceptionnel dans l’histoire des hommes d’Etat. L’Emir Abdelkader était multiple. A chaque fois, on découvre de nouveaux aspects de sa vie. Ce  n’est pas exagéré de le dire. Le nombre d’intervenants à ce colloque, plus d’une centaine, est une preuve de cette mutiplicité (…) L’Emir Abdelkader était devenu chef d’Etat à 24 ans seulement, après la Moubayaâ sous l’arbre (plaine de Ghriss à Mascara, ndlr). Les générations actuelles doivent le savoir. Il avait réussi à mettre en place des institutions d’un Etat de droit. Il était entouré de conseillers. Il avait introduit des réformes dans le domaine de la fatwa, de la santé, de l’éducation. L’Emir avait une bibliothèque ambulante. Il avait pleuré lorsque les cavaliers de l’armée coloniale française avaient piétiné ses livres. L’Emir avait une capitale mouvante, la Smala. Beaucoup de chercheurs étudient encore la portée stratégique et militaire de la smala et son organisation circulaire. Le seul dans l’histoire qui avait une ville mouvante de ce genre était Gengis Khan ! Ou, peut-être, le roi Salomon, d’une certaine manière…
 
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