Algérie

«L'Emir Abdelkader n'a pas été défait militairement»



La guerre de Libération nationale de 1954 est le résultat de l'œuvre militaire commencée par l'Emir Abdelkadr en 1832, deux ans après le débarquement des forces occupantes françaises.Tlemcen.
De notre envoyé spécial

Une conclusion du colonel Abdelkader Bourouina du ministère de la Défense nationale développée à travers une conférence sur «Les principes de guerre de l'Emir Abdelkader», présentée hier au palais de la culture Imama de Tlemcen à la faveur du colloque international «Abdelkader, homme de tous les temps», organisé par le Centre nationale de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique». «L'Emir a unifié les tribus sur l'idée de la lutte contre les occupants. Par conséquent, il avait construit un front intérieur solide. Trois ans après son investiture, l'Emir avait appelé à la guerre sainte contre l'ennemi. Il avait créé le premier noyau de l'armée constitué de cavaliers, de soldats d'infanterie, de canonniers et de la protection émirienne. Il avait également constitué des forces auxiliaires mobilisables à tout moment. L'engagement dans l'armée n'était pas obligatoire», a-t-il expliqué. Il a rappelé que les occupants avaient dominé des points d'appui dans les zones côtières pour se déployer vers l'intérieur des terres.
Les premières batailles de l'Emir, marquées par les techniques de guérilla, avaient déstabilisé les forces occupantes à travers l'attaque de voies de communication pour empêcher l'arrivée des renforts. «L'Emir avait réussi en ce sens qu'il avait obligé les soldats français à rester cantonnés dans les villes qu'ils avaient occupées au point d'être menacés de famine. Cette situation avait contraint le gouverneur d'Oran à contacter l'Emir pour signer une trêve. L'Emir avait compris que la situation était en sa faveur. Il avait alors accepté la trêve pour acheter des armes et des munitions», a-t-il noté. Il a indiqué qu'à l'époque, l'Emir contrôlait l'action commerciale jusqu'à empêcher toute transaction avec les Français pour les céréales. A partir d'Arzew, l'Emirat exportait les céréales et importaient des armes lourdes. La trêve était l'occasion pour l'Emirat de regrouper les forces aux fins de chasser le colonisateur. Selon le colonel Bourouina, des tribus avaient rejeté la trêve. «Celles-là même qui avaient refusé l'investiture de l'Emir Abdelkader.
Elles n'attendaient que l'occasion pour ressurgir. L'Emir avait tout de même réussi à les convaincre de se joindre à lui», a-t-il souligné. L'Emir Abdelkader a, d'après lui, mis en pratique tous les principes politiques, stratégiques, économiques et sociaux précédant la construction d'une armée. «Il avait, en ce sens, précédé tous les penseurs qui ont élaboré les techniques de guerre. Dès le début, l'Emir faisait une comparaison entre ce qu'il avait comme troupes et moyens militaires avec les forces occupantes et sa logistique. L'Emir était très vigilant. Ils avait mis sous contrôle, en usant de techniques d'espionnage, ses ennemis pour évaluer leurs forces et prévenir leurs plans d'attaque», a-t-il insisté. Le colonel Bourouina a cité l'exemple de la bataille d'El Magtâa, menée par l'Emir Abdelkader dans cette région marécageuse en 1837, comme un exemple de tactique de guerre et de mobilisation permanente des hommes.
Il a rappelé que l'Emir avait fait face à une armée renforcée par les généraux de Napoléon (défait à Waterloo en 1815) qui avaient conduit toutes les campagnes en Europe notamment. «En dépit de cela, ces généraux français n'avaient rien tranché sur le terrain, dans les combats. L'Emir Abdelkader n'a pas été défait militairement. L'Emir avait mené la guerre à la faveur d'un projet intégré d'Etat et dans une situation interne complexe. Les conditions économiques de l'époque et, la fragilité du front interne, la versatilité des tribus et la perte de la profondeur stratégique ne lui avaient pas permis de poursuivre la constitution de l'armée. Cela dit, la guerre e Libération nationale a pris pour modèle l'Emir Abdelkader et les techniques de guerre qu'il avait mises au point», a estimé le colonel Bourouina. Le colonel Slimane Mouali a, pour sa part, relevé, dans une autre conférence, que l'Emir Abdelkader tirait sa force de sa résistance, de ses origines et de son environnement de naissance.


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