Algérie

L'émiettement fait-il l'affaire d'Ennahdha '


L'émiettement fait-il l'affaire d'Ennahdha '
La phase de délimitation des listes électorales a été marquée par des scènes d'indiscipline chez les grands partis.Du 22 au 29 août, 1540 listes ont été déposées auprès des instances régionales des élections en Tunisie et à l'étranger en vue des élections législatives du 26 octobre 2014. Quel est l'impact de cette multiplicité des candidatures ' Le dernier jour de dépôt des candidatures aux élections législatives en Tunisie a été fatal pour ceux qui misaient sur une réduction du nombre de listes, par rapport aux 1517 des élections de l'Assemblée nationale constituante du 23 octobre 2011.En effet, alors que le nombre n'était que de 505 listes le 28 août vers 14h, plus de 1 000 listes ont été déposées dans l'après-midi du jeudi 28 août et au cours de la journée du vendredi 29 août. Le nombre total a ainsi atteint les 1540 listes (910 partisanes, 158 d'alliances et 472 indépendantes). En 2011, il y avait 1517 listes 828 listes partisanes, 34 listes d'alliances et 655 listes indépendantes. On attend toutefois la décision finale de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) concernant la recevabilité des candidatures. En 2011, plus de 100 listes avaient été rejetées.Le nombre de rejets pourrait être supérieur en 2014 en raison des conditions plus rigoureuses d'éligibilité avec, notamment, un quitus fiscal 2013 et un autre quitus pour les candidats ayant concouru en 2011 et ayant encore des redevances de deniers publics à restituer. La loi électorale exige des candidats n'ayant pas obtenu 3% des voix de restituer les montants qui leur ont été accordés par l'Etat pour leur campagne électorale.MultiplicitéAu lendemain de l'annonce de la loi électorale, en juin dernier, plusieurs dirigeants politiques avaient prévu cet émiettement, vu l'absence de la condition de parrainage des candidats et l'offre de l'argent public pour les campagnes électorales. «Lors des débats sur les modalités des élections, le parti Ennahdha a insisté sur le rejet du parrainage et a exigé le financement public de la campagne» remarque Samir Taïeb, secrétaire général du parti Al Massar et membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC).Selon lui, «les islamistes préfèrent être confrontés à un paysage très émietté, comme celui de 2011, pour renouveler leur victoire, car ils pensent diviser ainsi l'opposition». Toutefois, ce dirigeant de l'opposition croit que «la situation n'est plus la même car les électeurs ont vu Ennahdha au pouvoir et sont en train de vivre les retombées catastrophiques de sa gouvernance». «Les électeurs feront cette fois-ci des choix ciblés», conclut-il.Du côté d'Ennahdha, ce n'est pas le même son de cloche. Sahbi Attigue, chef de file de lce bloc à l'ANC, insiste sur l'apprentissage de la démocratie à travers cette facilité dans les conditions d'éligibilité. «Les parrainages constituent des freins pour la libre candidature des citoyens. L'argent public permet, aussi, de démocratiser les candidatures et de ne pas les limiter aux lobbies de l'argent», explique le président de la liste d'Ennahdha à l'Ariana.IndisciplineLa phase de délimitation des listes électorales a été marquée par des scènes d'indiscipline chez les grands partis. Les plus médiatisées sont survenues chez Nidaa Tounes et Ennahdha, les deux mastodontes de la scène politique. Plusieurs dirigeants locaux du parti de l'ex-Premier ministre de la transition, Béji Caïd Essebsi, ont contesté les décisions de leur direction centrale concernant la composition des listes électorales.Cinq dirigeants de deuxième rang ont même démissionné de Nidaa Tounes pour se porter candidats sur les listes de l'Union pour la Tunisie, un front électoral formé par des partis de centre-gauche et des indépendants. Du côté d'Ennahdha et malgré la politique de bouche cousue d'usage chez les islamistes, les langues se sont un peu déliées. Ainsi, Ferjani Doghmane, président nahdhaoui de la commission des finances à l'ANC, a annoncé publiquement son mécontentement.«La nomination de Sahbi Attigue à la tête de la circonscription de l'Ariana, ne saurait être un symbole de changement au sein d'Ennahdha», a-t-il déclaré, en refusant d'être en 3e rang sur ladite liste. La deuxième étant une femme par obligation de parité et la 3e place n'est pas synonyme de réussite à ses yeux. Pour sa part, Lotfi Zitoun, le conseiller politique de Rached Ghannouchi, a refusé la troisième place sur la liste de Tunis 1, conduite par Ali Laâreyedh.«Zitoune s'est certes justifié par d'autres occupations. Mais, je ne pense pas qu'il aurait refusé de concourir s'il était proposé tête de liste», souligne le politologue Slaheddine Jourchi, en ajoutant que «plusieurs autres cas d'indiscipline ont été signalés dans les régions chez Ennahdha, ce qui a obligé les ministres Dilou et Harouni à être relégués en troisième place sur les listes de Bizerte et de Tunis 2». Ces tiraillements indiquent que la situation n'est pas reluisante pour les grands partis de la scène politique en Tunisie. Nous sommes toutefois à 55 jours des élections.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)