Algérie

L'élevage met l'agriculture moribonde sous perfusion



L'élevage met l'agriculture moribonde sous perfusion
Malik BoumatiLe changement du système économique en Algérie a provoqué un énorme chamboulement sur la scène sociale et le marché du travail.Des milliers de familles ont quitté précipitamment leurs villages et leursmontagnes pour envahir les villes à la recherche d'un emploi. Si les pères de familles se sacrifiaient pour subvenir aux besoins de leur progéniture en acceptant toute activité disponible, les jeunes ont toujours montré de la paresse devant les métiers manuels et artisanaux. C'est ainsi que des secteurs comme l'agriculture, le bâtiment et l'artisanat ont été désertés par les jeunes, conduisant notamment les opérateurs économiques à tirer la sonnette d'alarme, particulièrement quand il s'agit de projets publics pour lesquels les délais de réalisation doivent être respectés.Des appels avaient même été lancés en direction du secteur de la formationprofessionnelle dans l'objectif d'ouvrir des filières dans les créneaux désertés, mais cela n'avait pas abouti et nombre de secteurs économiques continuaient à souffrir du manque de main-d'?uvre qualifiée.Mais depuis que l'Algérie a connu l'embellie financière boostée par la hausse du prix des hydrocarbures, les choses ont commencé à changer, même si c'est de façon très timide. Les pouvoirs publics ont mis en place les différents dispositifs d'aide à la création d'emplois, notamment par le biais de l'Ansej, l'Angem et la Cnac. Des dizaines de milliers de jeunes ont envahi ces organismes dans le but de monter des projets. Mais la mauvaise gestion de ces dispositifs n'a pas tardé à montrer leurs limites, notamment quand on sait que de nombreux porteurs de projets ont vite mis la clé sous le paillasson, les projets n'ayant pas été suffisamment mûris, notamment en matière d'études de marché. Il a également été constaté que les jeunes vont le plus souvent vers la facilitéen optant pour des créneaux tels que la location de voiture, le transport desvoyageurs ou le transport de marchandises. Et ils étaient tellement nombreux dans ces créneaux que certains ont vite fait de vendre leurs véhicules et cesser leurs activités.Cela s'est passé ainsi dans toutes les wilayas du pays et Tizi Ouzou n'a pas échappé à ce phénomène qui a amené l'Ansej, par exemple, à bloquer les projets dans le créneau du transport depuis bientôt trois années. Entretemps, uncertain nombre de jeunes ont compris que la ville est devenue de plus en plus invivable et ont décidé de changer complètement d'orientation. Opérer un retour vers leurs villages, devenus comme par magie des paradis sur terre. Les projets dans l'agriculture (particulièrement l'élevage et dans une moindre mesurel'arboriculture) ont en effet commencé à devenir nombreux au niveau desorganismes d'aide à l'emploi. Les vaches laitières sont devenues des amies «intimes» grâce notamment aux subventions concédées par l'Etat dans le cadre de la politique de développement de la filière lait, mais aussi grâce aux dispositifs Angem, Ansej et Cnac. Les premiers à avoir opté pour ces filières sont passés par l'Angem, dont le montant du crédit n'est pas trop lourd à supporter. Devant le succès que le créneau a connu, les jeunes promoteurs ont pensé faire une «extension» de leur activité par le biais de l'Ansej,mais les responsables de cet organisme n'ont pu donner une suite favorable à ces demandes, en raison de la réglementation en vigueur. Par contre, les jeunes quiont monté des projets dans ces créneaux directement auprès de l'Ansej et même la Cnac, ont fini par faire aboutir leurs projets. Cela reste tout de même pratiquement limité à l'élevage qui met, de ce fait, une agriculture moribonde sous perfusion, en attendant que ce secteur vital soit réanimé avec une réelle politique agricole. L'arboriculture fruitière est également mieux vue aujourd'hui par certains jeunes qui doivent cependant disposer de terres agricoles assez conséquentes pour pouvoir lancer cette activité, qui nécessite des fonds importants, mais aussi du temps pour une récolte susceptible d'amortir l'investissement. Nous avons contacté la direction locale de l'Ansej pour de plus amples informations sur cette tendance prise par les jeunes dans le sens d'un retour aux créneaux boudés, mais le directeur nous a signifié qu'il fallait se présenter avant pour qu'il puisse demander l'autorisation de la direction générale.M. B.




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