Algérie - Revue de Presse

L'élégance de Saâdane ne suffit plus



Rabah Saâdane a eu un geste d'une élégance rare envers Fawzi Chaouchi. Après la bourde du gardien de but de l'équipe nationale contre la Slovénie, dimanche dernier, une bourde qui sonne comme une condamnation pour l'équipe nationale, l'entraîneur algérien a réaffirmé sa confiance à Chaouchi, affirmant qu'il est « notre meilleur gardien de but ». Il a aussi exclu l'idée de l'écarter de l'équipe, sauf si Chaouchi « lui-même » en fait la demande. Cette déclaration, visiblement mûrie, pesée et bien formulée, replace Saâdane dans son véritable rôle, celui d'un éducateur, pesant ses mots, et assumant la responsabilité de la gestion de son groupe. Sans prendre de décision significative, Saâdane défend son gardien de but tout en défendant ses propres choix. Il se donne, par la même occasion, la marge nécessaire pour effectuer les changements nécessaires si cela devait s'imposer. En ce sens, Saâdane a parfaitement joué son rôle. Que pouvait-on attendre de lui face à une situation aussi difficile ? D'abord, qu'il réconforte son gardien de but. Inutile de condamner un homme déjà en difficulté. Chaouchi a commis une faute grossière ; il est inutile de l'accabler davantage. Ce serait, en outre, contre-productif. Saâdane est donc parfaitement dans son rôle : protéger son joueur. Dans le même temps, Saâdane se protège aussi. Car c'est lui qui a choisi Chaouchi. Il ne peut pas se déjuger aussi aisément. Il est contraint de défendre des choix, qu'ils soient justes ou contestables. Mais en défendant Chaouchi, il sait qu'il caresse le public dans le sens du poil. Saâdane a horreur d'aller à contre-courant de l'opinion. Et pour les Algériens, Chaouchi, c'est le gardien du fameux match de Khartoum, c'est le héros d'Oum Dourman. Ce jour-là, une idole était née. Elle reste indétrônable. Saâdane n'ose pas y toucher. Même quand il devient évident que Chaouchi est un gardien moyen, et souvent inconsistant. Il est facile de faire le bilan du gardien de but de l'équipe nationale. Depuis le fameux match de Khartoum, Chaouchi a effectué un seul arrêt de grande classe. C'était contre la Côte d'Ivoire, en Coupe d'Afrique des nations. Pour le reste, il a encaissé des buts que nombre de gardiens algériens auraient probablement sauvés. Et il a, surtout, mené l'équipe nationale au naufrage en Angola, en se faisant expulser contre l'Egypte, puis contre la Slovénie, dimanche dernier. Chaouchi est ainsi revenu à ce qu'il était il y a un an : un gardien de but moyen, jouant dans le championnat d'Algérie. Sans plus, Saâdane le sait. Et c'est pour cela qu'il a ajouté une petite phrase, lourde de sens : il n'écartera Chaouchi que si celui-ci le demande. Autrement dit, la décision finale se jouera dans les coulisses, où Chaouchi pourra être amené à se retirer, ou à déclarer forfait. Sans qu'on ne sache jamais ce qui s'est passé réellement. L'équipe nationale a déjà vécu un cas similaire, avec Lemouchia, renvoyé lors de la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations. Son exclusion avait été camouflée par d'obscures raisons familiales. Quelques semaines plus tard, il apparaissait que le joueur de l'Entente de Sétif avait fait l'objet d'une mesure disciplinaire, que le staff de l'équipe nationale avait estimé préférable de ne pas divulguer. Chaouchi n'encourt pas la même sanction. Mais il confirme que le chantier de l'équipe nationale reste entier. Dès la fin de la Coupe du monde, il faudra de nouveau partir à la prospection, pour trouver un gardien de buts de niveau international, ou tenter d'en former un. Mais sur ce terrain, l'élégance de Saâdane ne pourra rien faire. Il a pu cacher la fragilité de son équipe pendant plusieurs mois, mais il ne peut rien faire quand les joueurs se révèlent aussi décevants, comme le fut Chaouchi.




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