Algérie

L'élection présidentielle impacte l'économie parallèle



L'élection présidentielle impacte l'économie parallèle
De 148,0 à 150 dinars, l'euro a fait un bon prodigieux ces deux derniers jours à Constantine. Le marché informel de la monnaie européenne semble s'être soudainement affolé sans passer par le processus habituel qui consistait en la manifestation précoce d'indicateurs, généralement «balancés» sous le contrôle et l'influence des cambistes dudit marché en pesant bien entendu sur les fluctuations des devises étrangères selon leur importance ponctuelle.Il faut souligner que les cambistes, dont nous nous sommes rapprochés à chaque fois que le marché parallèle des devises connaissait des frémissements pour avoir une idée des mécanismes annonciateurs sur ces frémissements, ont un argumentaire imparable pour les expliquer. Leurs arguments sont en l'espèce d'autant plus vérifiables que, s'ils ont la particularité de défier toute orthodoxie financière, ils désarçonnent souvent logiquement, même si la démarche est simpliste et pour cause toutes les contradictions qui peuvent exister entre une institution financière officielle, telle une banque, et un spéculateur qui exerce son commerce à ciel ouvert et dans des conditions parfois ubuesques.Aux yeux de K. B., l'un des cambistes parmi les plus réguliers de la place de la Brèche, agora où s'exerce sous les yeux de la police et sur le parvis d'une banque, l'activité officiellement illégale mais très publique, ce sont, «après les habituels déplacements de masse que sont le petit et grand pèlerinage à la Mecque, les week-end de fin d'année ou les grandes vacances, l'avènement impromptu ou organisé d'une activité économique importante ou une offre de service, comme celle du lancement de la 3G qui fait que parfois certains opérateurs de téléphonie mobile achètent à très grande échelle de la monnaie européenne, le dollar américain et, assez souvent, canadien. Cela au même titre par ailleurs que les concessionnaires automobiles ou certains industriels de la production pharmaceutique et évidemment les spécialistes de l'import-import. En somme, une sollicitation du marché informel parfois violente en raison de sa spécificité et qui ne peut être satisfaite que par de gros fournisseurs qui, selon l'importance de ou des sommes attendues, se conglomèrent et actionnent des réseaux sur l'ensemble de l'est du pays et parfois sur tout le territoire national pour réunir des montants astronomiques. Du coup, ces derniers deviennent maîtres du marché, imposent leur taux de change d'autant plus qu'ils sont à l'origine de la raréfaction de devises qui s'ensuit obligatoirement et s'arrangent forcément pour augmenter leurs gains en faisant grimper ledit taux du pourcentage qu'ils souhaitent tout en restant raisonnables pour ne pas déstabiliser le marché».Mais la hausse évoquée en début d'article a une autre explication. Elle serait en relation directe avec la prochaine élection présidentielle, et notre interlocuteur de se lancer dans une très brève démonstration d'économie pour les nuls : «...Qu'on le veuille ou non et contrairement aux précédentes élections présidentielles, celle de cette année n'est pas sans véhiculer certaines appréhensions. Moi, personnellement, je le ressens au contact avec mes clients et nous en parlons entre pratiquants de ce négoce. Les gens sont en train de convertir à tour de bras comme s'il n'y avait pas de lendemain assuré après le 17 avril. Comme si l'avenir n'est pas sûr. Ce genre d'hypothèse apocalyptique qui fait que la monnaie nationale ne servira à rien parce qu'il risquerait d'y avoir des bouleversements.» K. B. nous l'expliquera à sa manière : «Vous savez, c'est un peu comme à chaque fois qu'il y a un changement de pouvoir en France, dès que la gauche arrive au pouvoir les riches s'exilent, transfèrent en grande partie leurs avoirs à l'étranger, liquident leurs entreprises, vident leurs comptes, etc. Croyez-moi ou non, aujourd'hui c'est comme cela que raisonnent ceux qui, à Constantine et même ailleurs, disposent de grosses sommes d'argent.» K. B. fait état d'un «commerçant venu presqu'en prospecteur d'une wilaya limitrophe avec une proposition renversante : la conversion de 15 milliards de centimes en euros, dont il voudrait entrer en possession avant la fin du mois. Cela fait quand même près d'un milliard en monnaie européenne. C'est néanmoins une somme qui ne pourra jamais être réunie, d'une part parce que les risques sont gros pour les cambistes, mais aussi parce que le facteur temps ne le permet pas au même titre d'ailleurs que l'indisponibilité immédiate d'une telle somme dans la région, et si tant est qu'elle le serait (disponible) rares seraient ceux qui s'impliqueraient dans une telle transaction... toujours en raison des risques évoqués».Dans tout ce tableau, il est resté quelque chose de relativement rassurant, «...l'euro ne restera pas sur cette cote de 151 da après l'élection, il chutera pour revenir à la ??normale'', c'est-à-dire à 148da et dans le pire des cas à 148,5»,concluraK. B.A. L.




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