L'appel à la grève et à la désobéissance civile pour le départ «immédiat»
des militaires n'a pas eu, hier, l'écho escompté. Les islamistes, FM et salafistes, mais aussi d'autres organisations politiques y
étaient opposés. Un an après la chute de Moubarak, place Tahrir
est affaiblie et le jeu politique se fait entre les
militaires et les islamistes.
Un an après la démission de Hosni Moubarak, annoncée le 11 février par le
vice-président Omar Souleimane après 18 jours d'une
grande révolte populaire, les Egyptiens connaissent un certain désenchantement.
Les islamistes ont pris le dessus à l'issue des élections législatives, les
militaires sont toujours au pouvoir et ne semblent pas décider à passer la main
aux civils. Les activistes de la place Tahrir ont
appelé à la grève générale et à la désobéissance pour exiger un départ immédiat
de l'armée. L'appel a été peu suivi témoignant, une fois de plus, de
l'affaiblissement politique des jeunes révolutionnaires de la place Tahrir. Sans être acquise aux militaires, la population qui
a majoritairement voté pour les Frères musulmans et les salafistes
aspire à une stabilisation de la situation. Pourtant, vendredi, la mobilisation
était importante. Des milliers de manifestants ont marché vers le ministère de la Défense sous le slogan de
«A bas le pouvoir militaire, le peuple veut la chute du maréchal», ciblant
ainsi directement le maréchal Hussein Tantaoui, le
chef du CSFA au pouvoir.
«COMPLOTS» ET «CHAOS»
L'échec de l'appel à la grève et à la désobéissance civile est moins lié
au discours de dramatisation du Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui a
évoqué des «complots contre la nation» visant à saper les institutions de
l'Etat et à semer le chaos qu'à des divergences de stratégie et de démarche
entre les jeunes de la révolution et le désormais parti dominant des Frères
musulmans. L'appel au départ immédiat des militaires a été contré par des
personnalités religieuses et des groupes politiques dont les Frères musulmans. Hier,
selon les agences de presse, les moyens de transport fonctionnaient normalement,
le canal de Suez n'a pas cessé ses activités. De nombreux Egyptiens dont les
revenus se sont encore davantage amenuisés au cours d'une année de transition
chaotique ont d'autres soucis. «Nous avons faim et nous devons nourrir nos
enfants», a déclaré un chauffeur d'autobus. Au plan politique, le «front» qui a
poussé Moubarak vers la sortie et vers la prison est fortement fissuré. Entre
les islamistes, majoritaires au parlement qui veulent avancer avec prudence, et
les courants de gauche, libéraux et des syndicats indépendants, la vision n'est
plus la même. Même si la méfiance à l'égard du pouvoir militaire paraît
largement partagée. Les Frères musulmans ont choisi d'être en phase avec une
opinion qui paraît lassée des mouvements de rues.
LASSITUDE
Beaucoup pensent qu'un retour à la stabilité pour permettre la relance
d'une économie frappée d'asthénie par une année très mouvementée est la
priorité. Le travail efficace des Frères musulmans qui encadrent une partie des
classes politiques est relayé par les médias publics qui ont mené campagne
contre l'appel à la grève. "La nation rejette la désobéissance civile",
titrait le journal Al-Ahram. Au niveau de la
principale gare du Caire des banderoles annonçaient que les «conducteurs de
train et leurs adjoints refusent la désobéissance civile». Il reste que ceux
qui ont appelé à la désobéissance civile ne désarment pas malgré le résultat
peu probant d'hier. «Aujourd'hui est la première étape réelle vers la
désobéissance civile", a déclaré Mohamed Abdel Aziz, coordinateur du
mouvement Kefaya. Mais le mouvement en faveur de la
désobéissance civile a peu de chance de prendre du fait du refus des Frères
musulmans d'y prendre part. Les FM ont beau avoir durci le ton contre le
gouvernement après le carnage de Port-Saïd, ils restent sur une option
«stabilisatrice» qui évite une confrontation directe avec les militaires au
pouvoir. Ce qui pousse d'ailleurs leurs adversaires à les accuser d'avoir
conclu des «arrangements» avec l'armée.
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Posté Le : 12/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com