Algérie

L'Egypte sous tension... l'armée accusée d'avoir réalisé un coup d'Etat constitutionnel



L'Egypte sous tension... l'armée accusée d'avoir réalisé un coup d'Etat constitutionnel
[egypt]
Le Financial Times et d'autres médias font la comparaison avec l'arrêt du processus électoral en Algérie en janvier 1992 et parle de « bombe ». Il s'agit de la décision de la haute cour constitutionnelle déclarant « illégale » le parlement issu des élections législatives de décembre 2011. La décision tombant à deux jours de la présidentielle, l'armée se retrouve détentrice de tous les pouvoirs. Son pouvoir d'arrêter des civils est rétabli. D'où la dénonciation d'un « coup d'Etat constitutionnel » qui va au-delà des Frères Musulmans.
Pour de nombreux militants révolutionnaires de la place Tahrir, le «printemps égyptien» vient d'être enterré par une décision de la haute cour constitutionnelle déclarant « illégal » le parlement élu en décembre dernier. La Haute cour, en place depuis la période Moubarak, balaye le résultat institutionnel le plus voyant des changements survenus après la chute de Moubarak. Et comme pour signifier que l'ancien régime, incarné par Ahmed Chafik en course à la présidentielle face au Frère musulman, Mohamed Morsi, a définitivement sorti ses crocs, la Haut cour constitutionnelle a également invalidé la loi adoptée par le parlement en avril dernier frappant d'inéligibilité les hauts dirigeants du régime de Moubarak. La candidature d'Ahmed Chafik et, éventuellement, son élection ne sont plus susceptibles d'être contestés devant la justice. Tout aussi significative est la décision du gouvernement en place de redonner à la police militaire et aux services de renseignements le pouvoir, suspendu le 31 mai avec la levée de l'état d'urgence, de procéder à des arrestations de civils. Dix-sept ONG égyptiennes ont appelé jeudi à l'annulation de cette mesure. L'armée a désormais tous les pouvoirs alors que l'Egypte est entrée officiellement en « silence électoral » à la veille du vote. Elle pourrait signifier officielle qu'elle assumerait directement le pouvoir législatif après la décision de la cour. Le retour en arrière est tel qu'il suscite de furieuses accusations de coup d'Etat constitutionnel et d'actes préventifs pour imposer la « victoire » d'Ahmed Chafik. Les Frères Musulmans, grand perdant de cette décision, crient à la fraude et même au « coup d'Etat ». Mohammed Morsi a, candidat des Frères Musulmans en lice pour le second tour, a averti que toute manipulation du scrutin entrainerait une « énorme révolution".
L'Egypte va vers des « journées très difficiles »
« S'il y a la moindre falsification, il y aura une énorme révolution contre les criminels, une énorme révolution jusqu'à ce que nous parachevions tous les objectifs de la révolution du 25 janvier (2011)" a-t-il déclaré. Commentant les deux arrêts pris dans la journée par la Haute Cour constitutionnelle, il a déclaré qu'ils montraient qu'"il y a ceux qui cherchent et luttent et puis ceux qui veulent du mal au peuple". L'organisation des Frères musulmans tout en prenant acte des décisions de la Haute Cour a souligné que l'Egypte allait vers des "journées très difficiles qui pourraient être encore plus dangereuses que les derniers jours du régime de Moubarak... Toutes les avancées démocratiques de la révolution pourraient être balayées et renversées si le pouvoir est confié à l'un des symboles de l'ère antérieure". Ahmed Chafik, candidat du régime a été plus volubile et a salué le « jugement historique" des juges constitutionnels qui lui permet de se maintenir. La « révolution est finie » a déclaré un égyptien en route vers la place Tahrir où un rassemblement était prévu. La tension est vive à la veille d'un scrutin pour une élection qui donne un président, techniquement, sans pouvoir, l'armée le détenant désormais en totalité. Les « foulouls » - les éléments de l'ancien régime ' ont peut-être... gagné la partie. Du moins pour le moment. A moins que l'Egypte ne dérape... comme l'Algérie en 92 qui revient dans de nombreuses analyses dans la presse internationale.
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