Algérie

L'Egypte face à un "choc de légitimités" opposant l'Armée et les islamistes (Basbous)



L'Egypte face à un
PARIS - L'Egypte, où un soulèvement populaire a été à l'origine du départ il y a un an du président Moubarak et qui célèbre depuis lundi sa première Assemblée élue, est face à un "choc de légitimités" opposant l'Armée et ceux qui ont été portés par les urnes, les islamistes, a indiqué mardi à Paris un spécialiste du monde arabe, Antoine Basbous.
"Ces deux légitimités vont rentrer en rivalité. J'espère qu'elles seront suffisamment sages pour devenir une légitimité complémentaire et non pas un choc de légitimités entre elles", a déclaré le directeur de l'Observatoire des pays arabes, lors d'un forum organisé par l'Unesco et intitulé "Le printemps arabe û un an après-perspectives égyptiennes".
Commentant l'arrivée au pouvoir de courants islamistes dans des pays ayant connu des bouleversements, à l'instar de la Tunisie, de l'Egypte et du Maroc, il a relevé l'existence de tendances islamistes différentes qu'il "faudrait composer avec".
"Il va falloir aujourd'hui faire avec. Quand elles étaient réprimées dans l'opposition, ces mouvances avaient pour slogan tout simple + L'Islam c'est la solution + et elles sont aujourd'hui au pouvoir et doivent faire du Réal Islamisme"en répondant aux besoins immédiats des populations", a indiqué l'expert.
Au cas contraire, a-t-il ajouté, l'ère de l'alternance va intervenir "très vite". "Maintenant que ces mouvances sont arrivées au pouvoir par les urnes, celles-ci pourraient également les chasser du pouvoir", a-t-il dit, signalant qu'aujourd'hui, "on va passer du slogan +l'Islam c'est la solution+ vers la nécessité de trouver cette solution, en se battant contre le chômage, en attirant l'investissement étranger et les touristes".
L'ancien président de l'Institut du Monde arabe, Dominique Baudis, a, de son côté, relevé l'apport de la communication numérique dans l'expression des révolutions arabes, caractérisées, a-t-il dit, par des mouvements "très horizontaux" où il n'a y ni leadership, ni idéologue.
"Mais, l'horizontalité ne peut pas durer éternellement et qu'il arrive un moment où il faudra construire, sur cette horizontalité des révolutions, la verticalité d'un nouveau pouvoir qui, cette fois serait légitime, parce que validé par le suffrage universel", a soutenu le défenseur des Droits de la France, estimant que cela "est fait en Egypte, en Tunisie et au Maroc dans un contexte différent".
Pour lui, la question que l'Europe se posait il y un peu plus d'un "Y aura-t-il un jour des gouvernements islamistes dans le monde arabe '" n'est plus à l'ordre du jour. "La question n'est plus : gouvernement islamiste ou pas, mais quel gouvernement islamiste '", a-t-il opiné.
Le président de l'Institut international des études stratégiques de Londres, François Heisbourg, a énuméré quatre conditions pour assurer la stabilité en Egypte, dont l'ouverture sur le monde (tourisme, sur le Capital étranger, voisins de l'Egypte) et assurer le bien-être des populations.
"Ces conditions ne seront remplies que si la gouvernance en Egypte sera à même d'assurer cette ouverture. A un esprit fermé, on ne provoquera pas l'ouverture sur le monde", a-t-il mis en garde, ajoutant que la stabilisation des relations entre la gouvernance démocratique et l'Armée est l'autre défi à relever, car cette dernière", a-t-il observé, occupe une "place particulière dans la société" et représente une "énorme puissance économique et financière, des liens privilégiés avec les Etats-Unis".
Le président de la Commission des droits de l'homme en Egypte, Boutros Boutros Ghali, a, lui, salué la "révolution de la jeunesse" pour un "renouveau" de son pays, soulignant qu'il est un élément "important qui requiert l'attention, la politique étrangère".
"Il ne faut pas négliger la politique étrangère de notre pays, il faut réhabiliter le tourisme, en assurant la sécurité, concourir au retour au pays de l'argent de la main d uvre égyptienne à l'étranger et à soutenir les investissements étrangers", a recommandé l'ancien secrétaire général de l'Onu.


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