Algérie

L'effrayant silence de la boîte noire


L'effrayant silence de la boîte noire
Paris. Temps froid et gris, un été morose. Une conférence de presse se tient dans un local de la capitale française, à quelques jets des Invalides. Objet : le vol Air Algérie AH5017. Quelques journalistes traînent à la recherche d'un scoop. Il n'y en aura pas, mais le premier verdict du crash tombe : malgré les analystes, les experts et l'enquête poussée, l'accident de l'avion d'Air Algérie ne livrera pas tous ses secrets.Si l'une des deux boites noires qui contient les données techniques a bien fourni des indications sur le vol, l'autre boîte noire, intacte, celle qui enregistre les conversations entre pilotes et personnel naviguant, est restée muette. Rien n'a été enregistré, comme si l'équipage discutait, se donnait ordres et consignes sans que rien ne soit gravé.Le BEA n'est pas la Banque extérieure d'Algérie qui, elle, a d'autres crashs à régler, mais le sérieux Bureau des enquêtes et analyses, s'avoue pour l'instant vaincu. En cause, la culture orale : tout se dit mais rien ne s'enregistre, les paroles s'envolent et rien n'est écrit. L'équipage est pourtant espagnol, mais l'avion est sous drapeau algérien et ne peut ne pas rappeler cette omerta en vigueur au pays.Quand l'Algérie fera son crash, dans quelques années selon la Banque centrale qui s'alarme déjà de la baisse des prix et de la production pétrolière, il ne restera aucune trace écrite sur les responsabilités de chacun. Dans le silence des élites, des institutions et des boîtes noires, devant le mutisme du Président qui dure depuis deux ans, les circulaires de Sellal auront l'allure d'une blague administrative.Qui a fait quoi ' Qui était responsable de quoi ' Personne, tous les ordres auront été donnés oralement, par téléphone ou de vive voix, sans qu'aucune trace ne soit conservée. Dans cinq ans, on accusera Dieu, le ciel, les bikinis des filles, le Qatar, les orages ou l'Amérique d'avoir ruiné le pays.


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