Algérie

«L'effondrement lors d'un séisme est dû à la détérioration et au manque d'entretien»



«L'effondrement lors d'un séisme est dû à la détérioration et au manque d'entretien»
- Le contrôle de l'application des normes parasismiques dans la construction peut se faire sur plans, qu'en est-il du suivi sur le terrain 'Le suivi et le contrôle des travaux consistent à veiller à ce que toutes les dispositions techniques prévues à la fois par les plans (dimensionnement, ferraillage, etc.) et par les prescriptions techniques (dispositions et conditions de mise en ?uvre) soient rigoureusement respectées par l'entreprise. Il va sans dire que cela nécessite la mise en place d'un effectif compétent et suffisant pour l'encadrement du projet, en fonction de sa complexité et de sa taille, la responsabilité du maître d'?uvre en charge du suivi étant pleinement engagée. Cela nécessite donc une rémunération en concordance.Or, ce volet de la maîtrise d'?uvre est clairement dévoyé de son objectif par une gestion des projets complètement inappropriée. Preuve en est les avis d'attribution relatifs aux missions de suivi et contrôle des travaux, notamment en matière de production de logements, qui renseignent sur les inconséquences, entre autres, de la rémunération de ces missions.Le dernier dont je me souvienne fait état d'une attribution des missions de suivi et de contrôle de la réalisation d'un programme de 1500 logements + commerces pour un montant de 11 470 000 DA TTC sur 30 mois. En clair, un logement en construction par le secteur public est attribué en contrôle et en suivi de sa réalisation en Algérie en 2015 à environs 200 DA TTC par mois !!! Que faut-il en attendre comme assurances en matière de qualité et de respect des normes, quelles qu'elles soient, y compris celles relatives à la résistance aux séismes ''!!De l'avis d'architectes et d'ingénieurs au lendemain de la catastrophe de Boumerdès en 2003, publiés sur les quotidiens nationaux et concernant les bâtiments détruits alors qu'ils étaient initiés par le secteur public, ce ne serait pas tant le dimensionnement des ouvrages, mais plutôt le non-respect de certaines dispositions techniques dans la mise en ?uvre des travaux qui a occasionné autant de dégâts sur des bâtiments qui avaient pourtant obligatoirement «bénéficié» d'une commande de contrôle et de suivi par les maîtres d'ouvrages publics.Pour ma part, les maîtres d'ouvrage ? parce qu'ils y sont obligés de par la loi ? «font semblant de garantir» le suivi et le contrôle plus pour se décharger sur les maîtres d'?uvres de leur responsabilité sur la qualité des réalisations que pour la recherche d'une qualité quelconque. Et les «maîtres d'?uvre aventuriers» qui y souscrivent «font semblant d'accomplir» leurs missions à la hauteur d'une rémunération qui ? de fait ? ne permet pas les conditions minima d'un réel suivi !Et de l'entretien de cette «relation malsaine» par les pouvoirs publics en charge ? en principe ? de la promotion et de la préservation de la qualité de manière générale, c'est le citoyen qui pâtira d'une façon ou d'une autre ! Au mieux, il ne pourra disposer que d'une «cellule d'habitation» (comprendre logement) dans un bâtiment qui résiste «peut-être» au séisme, mais qui est certainement en deçà des autres normes en matière de qualité spatiale et d'habitabilité.- Pensez-vous que le règlement parasismique soit outrancièrement contraignant 'En ma qualité d'architecte, ne maîtrisant l'aspect de la résistance des ouvrages par rapport au séisme que sur le plan des principes, je ne peux m'exprimer sur l'efficacité du règlement parasismique, qui est du domaine de compétence des ingénieurs en génie civil. Cela étant dit, nous n'avons entendu aucun ingénieur, depuis, s'exprimer pour contredire cette efficacité, donc a priori il n'y a pas lieu d'en douter. Il faut savoir que l'Algérie était déjà dotée d'un règlement parasismique avant 2003. Par contre, je ne crois pas qu'alourdir la procédure du permis de construire (qui est une autorisation pour un acte d'urbanisme et non un acte de construction) par une obligation de déposer en même temps un dossier de génie civil complet (article 05 de la loi 04-05) soit d'une quelconque efficacité.L'obligation faite au citoyen de faire réaliser une étude de génie civil doit intervenir après l'obtention d'un avis favorable sur le projet, mais doit surtout être par le contrôle de la souscription à cette obligation par le citoyen pendant la réalisation, en exigeant que les travaux soient suivis et contrôlés et en lui faisant obligation d'assurance sur la réalisation, à l'instar de ce qui se fait pour les constructions initiées par les maîtres d'ouvrages publics.Pour nous, architectes, certaines dispositions du RPA sont très contraignantes par rapport à notre créativité et il nous est difficile d'admettre de devoir construire des «boîtes fermées» qui se ressemblent alors qu'ailleurs, dans des pays beaucoup plus sismiques que le nôtre, notamment le Japon, le travail des ingénieurs pour faire face à cette contrainte a permis l'émergence de solutions très audacieuses autorisant à la fois la prouesse architecturale et technique tout en répondant à la contrainte sismique. Comme il est difficile de l'admettre en observant la résistance de notre patrimoine (La Casbah, XIXe siècle) alors qu'il n'est évidemment pas aux normes du RPA 2003 ni celui de 1999 !- Comment expliquez-vous l'effondrement de certaines bâtisses lors de séismes 'Relevant d'autres techniques constructives (murs porteurs de maçonnerie de pierres ou de briques), il est par contre aux normes de constructions acquises de manière empirique qui ont fait leurs preuves dans le temps. Et à travers le monde ! L'effondrement de ces bâtisses au moment des séismes n'a pas pour cause directe le séisme lui-même, mais leur détérioration continue du fait de l'absence à la fois d'entretien par le citoyen lui-même et de l'obligation qui doit lui en être faite par les pouvoirs publics. C'est pour cela que les premiers éléments à tomber sont les balcons, car les plus exposés.Très souvent, ce sont les infiltrations d'eau dans les maçonneries des murs porteurs du fait d'un défaut d'étanchéité (notamment des terrasses) ou de rupture des canalisations d'eaux pluviales notamment, qui désagrègent le système porteur. Ajouter à cela les extensions sur les terrasses qui constituent des charges supplémentaires, et les interventions inappropriées par méconnaissance de beaucoup de principes de ce système constructif. Le séisme ne faisant que donner le coup de grâce !




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