Algérie

L'Effet Morsi



L'Effet Morsi
Le président égyptien, Mohamed Morsi, a crée l'événement, lundi juste avant le f'tour, par l'annonce de la mise à la retraite d'office du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, 76 ans, homme fort de l'Egypte et inamovible ministre de la Défense depuis plus de 20 ans. A l'évidence, il y a une fin à toute chose, mais la fin de mission signifiée à Tantaoui est des plus inattendues. En effet, la surprise, lundi, était générale tant personne en vérité ne s'attendait à ce coup d'éclat d'un président que d'aucuns estimaient déjà comme un faire-valoir aux mains de la toute-puissante armée égyptienne, destiné, au mieux, à expédier les affaires courantes. Aussi, la décision inusitée de Morsi d'affronter frontalement l'armée sur un terrain laissé en friche, celui des prérogatives présidentielles, a-t-elle autant surpris que suscité les questionnements. Or, dans un pays «normalement» constitué, un tel acte fort banal dans un Etat républicain, entre de plain-pied dans les responsabilités d'un chef d'Etat, qui est celui d'assumer ses responsabilités de chef suprême des armées avec le pouvoir constitutionnel de nommer et/ou de démettre les chefs de l'armée. Pouvoir régalien, que la Constitution accorde aux chefs d'Etat qui, les choses étant ce qu'elles sont, n'a pas trouvé son application en Egypte. Certes! Il se trouve donc que les choses n'ont jamais été simples singulièrement dans les pays - notamment arabes - où l'armée a, sinon exercé directement le pouvoir, du moins eu un poids tellement pesant sur la marche des affaires du pays qu'aucune décision d'ordre politique et/ou militaire ne pouvait se prendre sans son assentiment ou autorisation. C'est encore plus vrai en Egypte où l'armée - depuis sa prise de pouvoir en 1952, après la déposition du roi Farouk II - a régné sans partage, accaparant les rênes du pouvoir. Aussi, la question qui se pose désormais est celle de savoir de quelle marge de manoeuvre dispose le président égyptien pour mener à bien son programme d'assainissement institutionnel et de clarification des rapports entre le pouvoir civil et les militaires d'une part; d'autre part, il s'agit de savoir ce que Mohamed Morsi, premier président civil égyptien, va faire de son éclatante «victoire» sur le lobby militaire. En rétablissant la hiérarchie républicaine, Morsi a de fait pris date avec son destin. De quoi sera-t-il fait' Morsi dépassera-t-il dans le cadre de sa fonction sa qualité d'élu islamiste pour s'investir totalement dans sa mission de redonner à l'Egypte une assise politique et économique' Dans l'euphorie de son coup d'éclat, se laissera-t-il emporter par la conviction qu'il a un rôle «messianique» comme établir la prépondérance islamiste sur le pays' C'est ce que, donc, Morsi fera de cette victoire qui dira si effectivement les choses se dirigent dans le bon sens en Egypte. Dès lors, la restitution du pouvoir aux civils c'est d'abord la victoire de la «révolution» - qui a induit la chute de Moubarak - qui voit ainsi une de ses revendications aboutir, au moment où la prépondérance du Conseil suprême des forces armées (Csfa) du maréchal Tantaoui sur le pays avait refermé l'ère révolutionnaire. Aussi, la décision de Morsi - mettre à la retraite d'office les deux plus hauts gradés de l'armée égyptienne - outre d'être un acte conforme au pouvoir que lui confère la Constitution, est surtout, le rétablissement de la marche vers le changement réclamé par le peuple égyptien. Changement qui s'est dilué dans la réappropriation du pouvoir par l'armée en s'octroyant le pouvoir législatif confisqué à l'Assemblée du peuple. Il y a donc plusieurs variables qui entrent en compte dans la décision «historique» du président islamiste Mohamed Morsi de renvoyer l'armée dans les casernes. C'est en fait là le point nodal de la mise à la retraite du puissant maréchal Tantaoui, une mise au point claire d'un président qui veut assumer l'ensemble des prérogatives que lui accorde sa charge de premier magistrat du pays, d'autant que l'armée, en Egypte comme dans les autres pays arabes, est arrivée au pouvoir par des putschs qui ont évincé les civils de la chose politique. C'est donc juste un retour à la normale. Dans l'attente d'une décantation de l'espace politique égyptien - au regard du poids politique et économique qui est celui de l'armée en Egypte - il faut admettre que c'était la bonne décision à prendre. Morsi l'a prise en toute conscience. Cqfd!


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