Algérie

L'effet de mode et les commodités



L'effet de mode et les commodités
Joignant l'utile à l'agréable, certaines grandes surfaces proposent des aires de jeux pour les enfants, des restaurants et, parfois, une piscine. Dans d'autres, on peut même se faire une beauté dans des salons de coiffure, d'esthétique et se prélasser dans des saunas. Le choix est varié au point que le citoyen peut passer la journée en profitant de tous les services mis à sa disposition. Celui qui vient de loin trouvera un parking gardé pour sa voiture, des aires de jeux pour occuper ses enfants, des restaurants pour manger. La liste des agréments est longue, l'éventail de choix divers et varié. Avec ce nouveau mode de consommation, les petites supérettes et les épiceries du coin vont-elles mettre la clé sous le paillasson et disparaître progressivement du paysage de nos quartiers ' Non, répliquent certaines familles rencontrées au parking d'Ardis, le chariot plein à craquer de légumes venus d'ailleurs et de vaisselle d'une grande marque d'outre-mer. « Nous trouvons encore chez les petits épiciers ce qu'il n'y a pas ici ». Pour d'autres, ce sont les promotions qui attirent en premier lieu. « Tous les jours que ­­Dieu fait, des rabais sont pratiqués sur des produits alimentaires ou sur les autres articles » dira un jeune habitant la cité des Dunes qui surplombe Ardis. « Deux bouteilles de coca pour le prix d'une, cela mérite le déplacement » dira-t-il. Mais il n'y a pas que cela, les tombolas sont légion. On peut gagner une voiture juste en achetant un article ne dépassant pas les cent dinars ou des cadeaux d'une grande valeur. La mode est au Samsung Galaxy S4. Les jeunes rêvent de frimer avec ce joujou des temps modernes. Il suffit de collectionner cinq bouchons de Coca Cola sur lesquels on doit impérativement trouver les quatre syllabes de cette limonade pour gagner un grand prix. Comme on peut s'y attendre, la chaîne est longue pour participer à la tombola dans l'espoir de gagner une Chery qq attaché avec de gros n'uds rouges.Les légumes exotiques, une découverteLe rayon consacré aux légumes à Ardis attire de nombreux clients. Outre les légumes traditionnels proposés, on y trouve des endives, des asperges et des champignons vendus en barquette. Une curiosité pour les uns, une aubaine pour les autres de découvrir d'autres saveurs. Au prix fort, certaines mères de familles n'hésitent pas, par curiosité, à acheter plusieurs barquettes. Des poivrons carrés et charnus jaunes, rouges, vert et orange attirent également plusieurs personnes. Acheté en pièce, chacune peut faire d'un plat une merveille. Les tomates cerise constituent également une curiosité. Elles ornent merveilleusement un hors d'œuvre. Côté fruits, c'est également la découverte de certains auxquels nous sommes peu habitués et dont on ignore souvent l'existence. L'on cite le letchi, ou la carambole aperçus jusqu'ici seulement dans des documentaires à la télévision. Le rayon fromage ne laisse pas, également, indifférent. De la mozzarella en passant par le parmesan, le gouda, le brie, la brique de chèvre et autres, le choix est multiple et vous plonge dans l'embarras. La restauration rapide n'est pas négligée. On peut emporter des plats cuits avec des salades dans des raviers en aluminium, bien recouverts pour garder la chaleur. Anissa, une habituée des lieux, travaille dans la grande tour des affaires jouxtant l'hôtel Hilton. Une fois par mois, elle établit une liste de tous les articles qui lui manquent à la maison. « Je viens ici pour m'approvisionner car je trouve tout ce que je cherche » dira-t-elle. « Mon but, poursuit-elle, est de ne pas perdre de temps ». « En une heure, le temps de ma pause, je remplis mon caddy je range le tout dans mon coffre, et je suis tranquille pour un bon moment » explique-t-elle. Manel est une férue des cosmétiques. A Oued Romane où elle habite, elle vient régulièrement dénicher les nouveautés à Ardis comme les rouges à lèvre et autres crèmes pour hydrater et nourrir la peau. Son dada, ce sont également les chaussures et les sacs . Pour cela, elle consacre une partie de son salaire pour marier les couleurs et être in afin de se sentir belle et plaire aux autres. Seul bémol pour Manel, elle déplore l'absence de carte de fidélité permettant de gagner des points et recevoir des cadeaux ou des échantillons gratuits. Mohamed, marié et père de deux enfants, fréquente Ardis depuis son ouverture à raison d'une fois par mois. Habitant à Blida, il ramène sa petite famille et passe toute la journée soit à la plage soit à la piscine. Ensuite, il choisit un des multiples restaurants à midi. L'après-midi est consacré au remplissage du caddy pour tout un mois. Entre temps, son épouse fait une virée chez la coiffeuse et découvre les nouveautés en matière d'électroménager ainsi que le rayon de la vaisselle.L'épicier du coin sera toujours là !Pour le Dr Réda Djebbar, maître de conférences à l'université des sciences et des technologies Houari-Boumediène, les petits commerces, chez nous, ont encore de l'avenir devant eux. « D'ailleurs, les hypermarchés et les petits commerces n'ont pas la même clientèle. Chez les premiers, c'est surtout la classe aisée qui s'y approvisionne, surtout en produits et articles chers » a-t-il commenté. Si la classe moins aisée fréquente les hypermarchés, c'est surtout pour « s'y promener » ou acheter des produits de large consommation à des prix un peu plus abordables. « Il n'y a, selon lui, qu'à se pointer devant une caisse et faire ce constat ». Pour M. Djebbar, on ne peut comparer la société algérienne actuelle à la société occidentale quant au mode de consommation. « Le nôtre est plutôt à comparer avec celui des années cinquante dans les pays avancés » a-t-il affirmé. Il ajoutera que « les hypermarchés étaient à la mode et on s'y précipitait en famille ; c'était même un lieu de visite. C'est ce qui se passe aujourd'hui chez nous. Donc, on peut parler d'un effet de mode qui passera ». Par ailleurs, il souligne que les citoyens des pays occidentaux se plaignent aujourd'hui de la disparition des petits commerces. Cependant, ce magasin de proximité à cause de la qualité et de la convivialité, est en train de reprendre du poil de la bête et de nombreux consommateurs occidentaux le préfèrent aux hypermarchés alors que chez nous, on n'en est pas encore là. Cependant, pour ce maître de conférences, « l'apparition des hypermarchés est un point positif du moment où ils peuvent contribuer à la disparition du marché informel avec toutes ses répercussions négatives. Mais il faut proposer des produits à des prix très abordables en plus du service après-vente. Il faut encore attirer la clientèle par des cartes de fidélité, des bons de réduction, de la promotion, des soldes etc. ». La responsable de la communication de Médina Center abonde dans le même sens. « Dans les grandes surfaces, il y a toutes les commodités en plus de la dégustation des nouveaux produits, des promotions, des tombolas » affirme-t-elle. Elle reconnaît pourtant « que l'épicier du coin ou les petites supérettes ont de beaux jours devant eux puisqu'il est inimaginable qu'un citoyen se déplace dans un hypermarché pour acheter un paquet de sel ». « En plus, l'épicier du coin est toujours là, à deux pas ». Par ailleurs, les personnes qui se déplacent dans les hypermarchés doivent obligatoirement être véhiculés. Quitte à mettre aussi la main à la poche pour s'offrir, comme à Bab Ezzouar, une place pour sa voiture.




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