Algérie - Revue de Presse

L'effet boomerang de la stratégie du ministère de l'Agriculture



Le prix du poulet flambe. Cette denrée, généralement accessible aux petites bourses, est depuis quelques jours hors de portée. En l'espace de quinze jours, le coût de la viande blanche a augmenté de près de 50%, passant de 200 DA le kilo à plus de 400 DA. Le constat est fait par tous les Algériens habitués des marchés. Pourquoi une telle situation ' Que se passe-t-il ' Pour répondre à ces questions, nous nous sommes adressés aux bouchers d'Alger. Première halte à la place du 1er Mai. Chez le commerçant du coin, le poulet se vend à 420 DA/kg ; l'escalope de dinde est cédée à 780 DA/kg. Le premier contact avec les commerçants de la viande blanche donne déjà le tournis. Nous avons quand même poursuivi notre virée et remarqué la même situation. Pis encore, les consommateurs algériens commencent même à déserter les commerces de viande blanche. Ils ne peuvent plus suivre le rythme inflationniste du prix du poulet. Quant à la viande rouge, elle semble définitivement boycottée. « L'escalope de dinde est cédée au même prix que la viande rouge », s'étonne un citoyen que nous avons rencontré à l'entrée d'une échoppe. Le type ressort comme il est entré, sans rien acheter. Dès que le commerçant lui annonce le prix, le client tourne les talons en bougonnant. Une attitude qui ne plaît pas aux commerçants. Mais ces derniers disent comprendre, d'autant que le pouvoir d'achat des Algériens est toujours en berne.Pourquoi, alors, on ne cesse de les presser comme des citrons en tirant les prix des produits alimentaires vers le haut ' Un commerçant tente de nous expliquer cette situation. Il pointe du doigt la stratégie des pouvoirs publics. Selon lui, la mesure visant à stocker 4000 tonnes de viande blanche en prévision du mois de Ramadhan est à l'origine de cette flambée. « Le stockage a engendré une pénurie de poulet qui s'est répercutée sur les prix », estime-il. D'autres vendeurs à qui nous avons posé la question ont abondé dans le même sens. Ces derniers se montrent suspicieux quant à la réussite de cette démarche : « Le consommateur algérien n'est pas habitué de la viande blanche congelée. On a eu du mal à lui faire accepter le poulet vidé, qui est pourtant une norme d'hygiène requise. » Au marché Tnache du quartier Belouizdad, à Alger, réputé pourtant comme étant fréquenté par les moins nantis, le poulet est affiché à 400 DA/kg. Non loin de là, dans un autre commerce géré par un vétérinaire spécialiste en viande blanche, les prix sont affichés 350 DA/kg. Ce dernier nous donne d'autres explications sur cette flambée. Il juge d'abord que « la presse nationale a participé à l'amplification de la spéculation ».« Même les journaux ont participé à la spéculation. Il y a deux semaines de cela, alors que les prix de la viande blanche fraîche était affichés à 230 DA/kg, la presse nationale annonçait le stockage de milliers de tonnes de poulet congelé destinées à mettre fin à la flambée des prix pendant le mois de Ramadhan. Je comprends mal comment peut-on fixer le prix du poulet congelé à 250 DA/ kg, alors que le frais était cédé à 230 DA/kg », s'interroge-t-il. Ce spécialiste justifie, en revanche, l'augmentation vertigineuse des prix du poulet par la vague de chaleur et les incendies connus par le pays en cette période estivale. « Les éleveurs ne disposent pas d'équipements adéquats tels que les humidificateurs pour faire face à la canicule. Ils préfèrent arrêter l'activité pendant cette saison que de perdre tout leur élevage à cause de la chaleur », souligne-t-il, précisant que la plupart des éleveurs procèdent de manière archaïque. « Les poussins ne peuvent pas survivre à plus de 35°C.Certains éleveurs perdent jusqu'à 70% de leur poulailler », indique-t-il. Selon lui, il n'existe pas de barrières sanitaires en Algérie. « L'importation des produits vétérinaires suspects a des effets sur l'élevage. A cela s'ajoute le manque d'aliment », argumente-t-il.


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