Algérie

L'écoute, un début de solution



L'écoute, un début de solution
Pour l'histoire, la Garde communale (GC) a joué un rôle capital dans la disqualification militaire du terrorisme. Constituée de réservistes de l'Armée nationale (ANP), ce corps paramilitaire, mis sous la tutelle du ministère de l'Intérieur à sa création en 1994, occupe toujours les avant-postes de la lutte antiterroriste. Connaissant parfaitement le terrain et disposant de solides sources de renseignement au sein des populations, la GC avait quasiment tous les atouts entre les mains pour réussir sa mission : protéger les citoyens, préserver leurs biens et sauvegarder l'ordre républicain. A peine créée, la Garde communale investit les zones les plus reculées et réputées dangereuses. Elle supplée la gendarmerie et la police dans les villages et les municipalités montagneuses, alors infestés de hordes assassines. Et, la peur ne tarda pas à changer de camp, pour reprendre la célèbre formule d'un ancien Chef du gouvernement. Les Gardes communaux participent aussi aux ratissages et aux opérations militaires de grande envergure. Cependant, leur statut de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur était loin de traduire leur dure besogne quotidienne. Opérationnel de jour comme nuit et 7 jours sur 7, le garde communal -en matière de déclaration à la protection sociale, par exemple- n'est couvert que pour 8 heures sur 24. Il arrive souvent qu'un élément soit grièvement blessé ou même tué à une heure non-couverte. D'un commun accord, les autorités s'arrangent, alors, pour modifier l'heure du sinistre afin de permettre à la victime et à sa famille de bénéficier des avantages de la Sécurité sociale. Cette pratique est toujours courante. Le départ en retraite, évalué sur la base de 8 heures de travail par jour, est également incompatible avec leur statut réel. Prenant conscience de cette déficience, les concernés réclament aujourd'hui l'intégralité de leurs droits avec un effet rétroactif depuis 1994. «Nous voulons avoir les mêmes avantages que les militaires et les services de sécurité engagés dans la lutte contre les groupes armés», ne cessent-ils de revendiquer. Concrètement, il s'agit de la couverture sociale H24, la retraite après 15 ans de service, une augmentation conséquente des salaires, pensions d'invalidité, retraites et autres primes. Considérant le poids financier du contentieux, les autorités s'opposent. Avec l'effacement progressif du terrorisme depuis le début des années 2000, les pouvoirs publics ont initié un projet de transfert du pouvoir de tutelle sur ce corps vers le ministère de la Défense. En clair : les éléments encore jeunes poursuivront leur carrière au sein de l'ANP et les plus vieux partiront en retraite en qualité de fonctionnaires communaux. Sur un effectif global de 95 000 hommes, 4 600 sont morts dans l'exercice de leur fonction, 1 700 autres sont déclarés invalides, 88 000 sont encore en poste. Dans le projet mentionné précédemment, il est prévu le départ en retraite anticipée de 30 000 gardes. Il en restera, donc, 58 000 à incorporer au sein de l'armée. Mais avant l'exécution de ce plan, il serait judicieux de trouver un terrain d'entente avec les représentants des Gardes communaux. Il est vrai que le passif est lourd à supporter par les caisses de l'Etat, mais, pour peu qu'on veuille discuter sérieusement, les deux parties peuvent aboutir à une entente qui contenterait tout le monde. Ces hommes, qui ont choisi de défendre le pays en prenant tous les risques, méritent au moins l'attention de l'Etat. Il convient aussi de reconnaitre que depuis 1994, la Fonction publique a procédé à des revalorisations conséquentes de tous ses personnels, alors que les Gardes communaux n'ont pas bénéficié d'avantages substantiels. Au jour d'aujourd'hui, le salaire d'un footballeur, tout juste moyen, de la Ligue I équivaut au salaire cumulé de 10 gardes communaux. Rien que pour avoir risqué leurs vies et celles de leurs familles à un moment extrêmement difficile pour l'Etat algérien, les Gardes communaux méritent l'écoute et la compréhension de toutes les autorités. Et, ce serait déjà un début de solution.
K. A.


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