Algérie

L'écosystème d'El Mactaâ menacé!



Ledit site est unique en Algérie, vu la diversité de groupements de salsolacées annuelles qu'il renfermeLes marais d'El Mactaâ s'étendent sur une superficie égale à 44 500 hectares, liant trois wilayas, en l'occurrence Oran, Mostaganem et Mascara.
Les eaux de la plage d'El Mactaâ, à l'extrême est d'Oran, ne sont pas propres pour la baignade. Pour cause, les sels, à fort degrés, générés par les rejets de la station de dessalement d'eau de mer leur sont plus ou moins néfastes, d'où l'interdiction de la baignade dans ladite plage, décidée par la commission en charge de l'inspection des plages et de l'autorisation de la baignade. Une telle mesure a été prise au profit des baigneurs. Selon des confessions, provenant de la direction du tourisme, les forts marais salants, rejetés par la station de dessalement d'El Mactaâ sont périlleux quant à la santé des férus des ressacs de la mer. Il s'agit là d'une deuxième interdiction consécutive qui a été prononcée à l'encontre d'une plage très prisée aussi bien par les baigneurs nationaux que les touristes étrangers. Une telle problématique a été posée avec acuité l'année dernière, d'où l'engagement de certaines entités étatiques, mais qui n'a pas été tenu.
Des sources proches de ladite commission indiquent que «les constats établis l'année dernière sont totalement identiques à ceux de l'année en cours».
«Les solutions tant promises l'année écoulée tardent toujours à venir, d'où la décision radicale prise en fermant ladite plage», a-t-on déploré. La localité d'El Mactaâ, connue pour ses zones humides est ainsi doublement menacée dans son cadre de vie, l'environnement, de par ses eaux de mer qui sont frappées par les fortes quantités de sel rejetées par la station de dessalement de l'eau de mer. Comme chaque année, les spécialistes sont alarmistes et s'inquiètent de la menace ciblant les nombreuses zones humides au point où plusieurs sites naturels sont en régression pour ne pas dire en voie de disparition alors que ces mêmes zones ont été portées, le 2 février 2001, au registre des zones humides à défendre et préserver en mettant en valeur la convention «Ramsar» ratifiée par l'Algérie en 1982.
Les marais d'El Mactaâ s'étendent sur une superficie égale à 44 500 hectares, liant trois wilayas, en l'occurrence Oran, Mostaganem et Mascara. Si la wilaya de Mascara se taille la part du lion en abritant un taux de 94,70% de la superficie des marais d'El Mactaâ, le reste d'une telle zone, partagé entre les wilayas d'Oran et de Mostaganem est, selon les spécialistes, à prendre en charge de manière prioritaire tant que la situation urge. Car, insistent les connaisseurs, «les marais d'El Mactaâ rappellent une sorte de zone humide rare en Afrique du Nord de par sa diversité des espaces animal et végétal qu'elle recèle». Les services forestiers ont tranché la question en faisant état que «ledit site est unique en Algérie vu la diversité de groupements de salsolacées annuelles qu'il renferme». Ce n'est pas tout. «Les marais d'El Mactaâ abritent une grande diversité biologique, on y retrouve une grande variété d'espèces végétales halophiles, de nombreux invertébrés ainsi que des poissons», relève-t-on du document des services forestiers. Les spécialistes, eux, sont unanimes à dire que «le même site réunit près d'une cinquantaine d'espèces animales comme les oiseaux, 11 espèces marines et 16 espèces de rapaces ainsi que de nombreuses espèces terrestres dont l'outarde canepetière et la sarcelle marbrée. L'importante végétation, relevée sur place, permet la nidification de nombreuses espèces telles que la poule sultane, le butor étoilé et le héron pourpré. Une richesse «surnaturelle» est à l'abandon», déplore-t-on expliquant que «la nidification de certaines espèces a été confirmée par le passé comme la sarcelle marbrée et le tadorne casarca, tout comme l'outarde canepetière y était présente à longueur d'année et le flamant rose. Les poissons sont représentés par l'anguille qui pénôtre dans cette zone en raison de l'embouchure de l'oued qui défait le chemin à partir de la Méditerranée, ainsi que la carpe, le barbeau et la gambuse. A toutes ces espèces s'ajoute la variété complète des amphibiens et reptiles qui élisent ladite zone comme lieu de prédilection. Le document des services forestiers fait état de «l'avifaune représentant 33 espèces réparties sur neuf familles qui émigrent durant la saison des grands froids, l'hiver. Hélas. Une telle richesse, disparaissant à petites doses, risque l'extinction à la faveur de la persistance des responsables locaux dans leur
«inertie» et léthargie. Une telle biodiversité est tout simplement en péril. Autrement dit, elle est menacée de destruction. Trois contraintes sont à l'origine d'une telle décadence d'un tel site. Les deux premières sont liées aux conditions climatiques tandis que la troisième est provoquée par la main «archère» de l'homme s'acharnant contre un tel cadre de vie en question en le défrichant pour les besoins de l'industrialisation et la bétonisation sauvage. Si pour le moment, les sites rattachés à la wilaya d'Oran, ne sont pas totalement touchés, il n'en est pas de même pour les autres relevant des wilayas de Mostaganem et de Mascara. Le projet du port
d'El Mactaâ prévu dans le Schéma directeur de l'aire métropolitaine «aura un impact direct sur les valeurs écologiques les plus importantes qui se concentrent à l'embouchure d'El Mactaâ où les plans d'eau sont permanents et les zones de marais les plus importants», déplore-t-on, ajoutant que «le projet brisera l'interface entre la zone humide et la mer Méditerranée, modifiant ainsi les aspects fonctionnels de l'écosystème». Et ce sera le deuil à prononcer inéluctablement étant donné que la connectivité entre les écosystèmes marins et ceux de la zone humide sera perdue. Une telle perte n'est pas sans incidence directe sur ladite zone en obstruant la montée de migrateurs comme l'anguille et provoquant des déséquilibres importants dans les communautés végétales. Et le désert se pointera aux portes des grands centres urbains.


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