Algérie

L'économie nationale temporairement à l'abri



A fortiori quand on sait que les risques d'une récession durable ne sont plus à  écarter, même si le scénario «catastrophe» d'une implosion de la zone euro et d'une disparition pure et simple de sa monnaie unique reste peu réaliste, du moins pour nombre d'analystes.
Dans ce contexte de crise extérieure majeure, l'économie algérienne, qui tire essentiellement son salut de ses ressources en pétrole et en gaz, pourrait bien faire les frais de cette étroite dépendance, si la crise en Europe et le ralentissement de l'activité à  l'échelon mondial venaient à  perdurer. Dans l'immédiat, la crise européenne semble n'impacter que peu les équilibres macroéconomiques et la situation de la balance des paiements de l'Algérie. Les ressources engrangées ces dernières années permettent, en effet, de couvrir, à  court terme, tout manque à  gagner que les crises extérieures pourraient engendrer pour la balance locale de devises, même si les pouvoirs publics ont déjà mis en avant l'impératif de freiner le train dépensier actuel, compte tenu du ralentissement de l'activité mondiale.
Un train dépensier à  freiner
En l'état actuel des choses, nous dit M. Benbelkacem, économiste à  la Banque d'Algérie (BA), «la crise européenne n'a pas d'impact direct sur l'état de l'économie nationale». Selon lui, «cette crise ne peut avoir d'impact direct sur l'Algérie que si les banques locales intervenaient directement sur les marchés financiers européens». Or ceci, précise-t-il, «n'est pas autorisé par les lois algériennes». Aussi, indique l'économiste de la BA, le seul impact que pourrait avoir la crise européenne sur l'économie nationale est d'induire un ralentissement durable de l'activité mondiale, ce qui conduirait à  une baisse des cours du pétrole et donc «la balance devise de l'Algérie n'enregistrera pas d'excédent, comme cela s'est passé en 2009». Ceci étant, tempère notre interlocuteur, «il y a déjà suffisamment de ressources engrangées pour faire face à  cet écueil, sauf si la crise perdure et que les cours pétroliers baissent à  moins de 80 dollars sur une période de quatre ou cinq ans». Au demeurant, ajoute-t-il, «l'autre risque pour l'Algérie, mais qui reste peu probable, est que l'un des pays de la zone euro dont les valeurs souveraines font partie de nos placements à  l'étranger fasse réellement faillite». Quoi qu'il en soit, l'économiste de la BA émet beaucoup de réserves quant au bien-fondé des thèses évoquant une implosion de la zone euro. Un point de vue rejoint d'ailleurs par d'autres économistes, à  l'image de Mourad Goumiri, pour qui «la situation dans la zone euro finira assurément pas s'arranger, car l'Europe a toujours avancé par la crise».  
S'agissant de l'impact de cette crise sur l'économie algérienne, M. Goumiri évoque surtout la possibilité de voir se déprécier la valeur des réserves de changes de l'Algérie, dès lors qu'une partie de ces avoirs est libellée en euros. Quant à  la valeur de la monnaie nationale, notre interlocuteur souligne que «le dinar administratif» tel que fixé par la Banque d'Algérie sur la base d'un panier de devises et de la structure du commerce extérieur du pays, est «déconnecté de la réalité», ce pourquoi il est en parfait décalage avec «le dinar informel». Ce faisant, estime-t-il, en cas d'effondrement de l'euro, la BA trouvera le moyen de jouer sur la structure de son panier devises pour fixer la valeur du dinar; et, de toute façon, le dollar servira à  contrebalancer l'impact d'une baisse de la monnaie unique sur l'économie nationale. En définitive, soutient-il, les chances d'une implosion de la zone euro sont pour le moins très minces.  
«L'hypothèse de voir disparaître l'euro est peu plausible et le risque pour l'Algérie est que certains de ses clients européens pour le gaz et le pétrole soient techniquement en situation de défaut de paiement», souligne un banquier exerçant sur la place financière locale.   
 


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