C'est un véritable ouragan qui souffle sur les Bourses mondiales. Alors que l'on s'attendait à une reprise progressive de l'économie mondiale après la crise de 2009, des signes laissent penser que le plus dur est loin d'être passé.
Les marchés européens et asiatiques ont subi l'effet boule de neige de la chute de Wall Street et les appréhensions nées de l'état préoccupant des finances de plusieurs pays de la zone euro. La Bourse de New York a sombré, jeudi dernier, à son plancher depuis novembre, le Dow Jones perdant 2,61% et le Nasdaq 2,99%, et les analystes s'attendent à une aggravation de la situation avec l'annonce des chiffres du chômage pour le mois de janvier aux Etats-Unis, qui devait intervenir dans l'après-midi d'hier. Les mauvais chiffres hebdomadaires sur la situation de l'emploi américain publiés jeudi ont assommé les marchés financiers. Les investisseurs américains ont mal accueilli l'annonce d'une hausse inattendue du nombre de nouvelles inscriptions au chômage, ce qui laisse augurer de mauvaises statistiques mensuelles de l'emploi. L'ensemble créait une atmosphère fébrile sur les marchés, prompts à guetter le moindre signe de rechute de l'économie mondiale à peine sortie de la récession. L'emblématique Wall Street a touché un plus bas niveau depuis début novembre.A la mi-journée, la Bourse de Paris perdait 2,46% ; Londres creusait ses pertes, abandonnant 1,66%, comme Francfort qui cédait 1,66%. Madrid reculait de 2,50% à la mi-journée ; Lisbonne abandonnait à l'ouverture plus de 2%, rapporte l'AFP, après avoir dégringolé jeudi respectivement de près de 6% et de 5%. Le marché espagnol est impacté par la récession persistante de l'économie ibérique, qui a continué de se contracter au quatrième trimestre 2009 avec un recul trimestriel du PIB de 0,1%, selon la Banque d'Espagne, qui calcule que le PIB s'est replié de 3,6% sur l'ensemble de 2009. Dans son bulletin mensuel de janvier, l'organisme a estimé « la baisse trimestrielle du PIB à 0,1% (contre 0,3% au trimestre précédent) ».Ainsi, l'Espagne et le Portugal risquent d'emboîter le pas à la Grèce, dont la situation financière continue de susciter moult inquiétudes pour l'Union européenne. Les déficits et la dette publique de la Grèce sont si élevés que la Commission européenne a décidé, mercredi, de placer le pays sous une quasi-tutelle. Elle va mettre ce pays sous une surveillance étroite et d'une ampleur inédite afin de s'assurer qu'elle prendra les mesures qui s'imposent pour résoudre sa crise budgétaire, après avoir approuvé mercredi le plan d'économies du gouvernement grec. L'Asie n'a pas été épargnée par les répliques de la crise. La Bourse de Tokyo a chuté hier de 2,89%, à son plus bas niveau depuis le 10 décembre 2009. Hong Kong a dégringolé de son côté de 3,33%, Shanghai a limité les pertes, cédant 1,87%, tandis que Séoul a plongé de 3,05% et Sydney de 2,32%, touchant son plus bas niveau en trois mois, toujours selon l'AFP.La fin de l'euro fortLa monnaie unique européenne, l'euro, n'a pas résisté à toutes ces mauvaises nouvelles qui parviennent du front économique européen. Après avoir longtemps tenu la dragée haute au dollar, l'euro accentuait ses pertes, hier, tombant sous 1,37 dollar pour la première fois en huit mois et demi. Il a touché vendredi 1,3648 dollar à 8h30 GMT (9h30 à Paris), son niveau le plus bas depuis le 20 mai 2009, perdant ainsi 2,4% de sa valeur en une semaine. Les déboires de certaines économies de l'UE ont pesé lourdement sur la monnaie européenne. L'euro y a laissé des plumes au profit du billet vert, qui devient une valeur sûre. Paradoxalement, les Européens accusaient par le passé les Américains de laisser glisser leur monnaie pour réduire leur déficit. « Les dernières 24 heures ont été terribles pour les marchés mondiaux, les Bourses, les matières premières et les monnaies ayant chuté un peu partout (...), les investisseurs fuyant les actifs risqués au profit de la sécurité relative que représente le dollar », a commenté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, à Londres, cité par l'AFP.D'autres observateurs estiment toutefois qu'il ne s'agit que d'un vent de panique qui devrait s'estomper si les chiffres de l'emploi et de la production industrielle aux Etats-Unis étaient meilleurs que prévus et entraîner un rebond des Bourses. L'inquiétude demeure, cependant, pour l'euro dont la vigueur est mise à rude épreuve par les difficultés budgétaires des pays de la zone euro.Les efforts de la Grèce pour sortir de sa sévère crise budgétaire, pourtant salués par la Banque centrale européenne (BCE), s'avèrent insuffisants. La BCE a appelé tous les pays de la zone euro à mettre au point des stratégies claires en vue d'assainir leurs finances publiques. Le gouvernement espagnol a d'ores et déjà remis à la Commission européenne une « actualisation du programme de stabilité 2009-2013 », mais il a également indiqué que la dette publique du pays devrait se creuser jusqu'en 2012 à 74,3% du PIB, avant de commencer à refluer en 2013. Ces différents plans de sortie de crise n'ont pas convaincu les investisseurs. « La non-approbation des plans budgétaires de l'Espagne, du Portugal ou de la Grèce encouragerait l'incertitude qui règne sur les marchés (...) et, en effet, augmenterait les craintes qu'une modification de la structure de l'Union monétaire est nécessaire », estime Jane Foley, analyste chez Forex.com.Ces pays se retrouvent dans un véritable cercle vicieux vis-à-vis de ces investisseurs. « Le marché doute de plus en plus de la capacité de chaque gouvernement européen concerné à redresser lui-même ses finances, malgré les commentaires rassurants de ces gouvernements et même de la BCE », relève M. Hewson. De nombreux observateurs ont le regard tourné vers l'Europe, qui pourrait être appelée à intervenir de manière énergique pour assainir les finances des pays en difficulté. Il n'est pas exclu non plus que le Fonds monétaire international (FMI) intervienne pour permettre à ces Etats de surmonter ces difficultés sans précédent.L'union monétaire en difficultéLe directeur général du FMI, Dominique Stauss-Kahn, a suggéré, ce jeudi, aux pays de la zone euro « d'aider d'une façon ou d'une autre » la Grèce à surmonter ses problèmes, mais le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a pour sa part répété qu'il n'y aurait aucune exception aux règles budgétaires européennes. La BCE et le FMI pourraient attendre des mois afin de laisser aux gouvernements concernés une chance de se ressaisir avant de s'impliquer en cas d'échec. La zone euro continuera donc à traverser son épreuve la plus difficile depuis sa naissance, il y a onze ans, en ouvrant la voie à une période d'austérité pour les années à venir. De nombreux responsables européens tentent de rassurer les marchés financiers. Le secrétaire d'Etat espagnol à l'Economie, José Manuel Campa, a soutenu que ces marchés n'ont pas de raison « objective » de s'inquiéter des finances publiques de l'Espagne. Le Portugal est devenu la nouvelle « proie » des marchés, a déploré de son côté son ministre des Finances, Fernando Teixeira Dos Santos.Ces Etats du sud de l'Europe, appelés autrefois avec mépris « pays du Club Med » par l'Allemagne et les Pays-Bas et regroupés désormais avec l'Irlande dans le club des « Pigs » (pour Portugal, Ireland, Greece, Spain) s'avèrent être le talon d'Achille de l'UE. La question relative à la solidité de l'union monétaire revient au goût du jour. La tempête budgétaire qui secoue l'Europe présage d'années de coupes claires dans la dépense publique sur tout le continent pour réduire les déficits gonflés par la crise déclenchée en 2008. Plusieurs pays ' la Grèce, mais aussi l'Espagne ou la France ' ont annoncé ces derniers jours de nouvelles mesures pour réduire leur déficit.Les cours du pétrole résistentLes cours du pétrole ont rebondi hier, malgré les chiffres du chômage mitigés aux Etats-Unis. A 14h05 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude pour livraison en mars s'échangeait à 73,50 dollars, en progression de 36 cents par rapport à la clôture de jeudi, selon l'AFP. L'économie américaine a encore détruit des emplois en janvier ' 22 000 ' même si c'est nettement moins qu'en décembre. Le chiffre du mois dernier a d'ailleurs été revu largement à la hausse ' 150 000 postes supprimés, plus de 75% que ce qui avait été annoncé dans un premier temps. Le taux de chômage aux Etats-Unis a de son côté reculé à 9,7% pendant le premier mois de l'année. Les analyses estiment que les investisseurs ont bien réagi à ces chiffres. « Le marché est en train de digérer le taux de chômage, qui apparaît meilleur que la situation réelle » a expliqué Jason Schenker, de Prestige Economics. « Le taux passe en dessous des 10%, c'est psychologique, mais il y a eu en fait plus de destruction d'emplois qu'attendu », a ajouté l'analyste.
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Posté Le : 06/02/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nora Boudedja
Source : www.elwatan.com