Connue pour le caractère rentier qu'elle incarne, l'économie algérienne est de plus en plus soumise aux barons de l'import-import. A la faveur des nouveaux rapports de force, les importateurs investissent graduellement le pouvoir politique en Algérie. En parallèle, les forces productives que représentent les quelques industriels nationaux sont systématiquement marginalisées par le pouvoir en place. Tel est le schéma, qui ne suscite que pessimisme et déception, dans lequel le professeur Fadéla Akkache a présenté jeudi la situation de l'économie algérienne lors de la deuxième journée du séminaire national sur « Les pays d'Afrique du Nord entre les politiques d'ouverture économique et l'ouverture politique » organisé par le département des sciences politiques de l'université de Tizi Ouzou.
Tizi Ouzou. De notre bureau Dans sa communication qui a eu pour thème « Le rôle des bourgeoisies dans le processus d'ouverture politique en Afrique du Nord, étude comparative entre économies rentières et non rentières », cette universitaire appuiera sa thèse avec des indices et chiffres qui ne laissent pas indifférent. En Algérie, dira-t-elle, plus de 13 000 importateurs ont été recensés et ils se partagent les 38 milliards de dollars d'importations. Dans l'agroalimentaire seulement, ils sont 747 importateurs à se partager les 8 milliards de dollars de la facture alimentaire, avec 11 millions de dollars en moyenne pour chacun. Naturellement, pour consolider leur position sur le marché, les importateurs scellent des partenariats à l'internationale. Ce sont ces lobbies qui « influencent le plus les centres de décision et les choix stratégiques du pays », dira ce professeur. Pour mieux illustrer son propos, elle citera l'exemple de la zone arabe de libre échange que l'Algérie vient d'intégrer malgré les inquiétudes des producteurs nationaux. L'adhésion à ce nouvel espace, pour Fadéla Akkache, « ne profitera qu'aux importateurs au détriment de la production nationale et cette adhésion confirme l'influence qu'exercent ces lobbies d'importateurs sur la décision politique dans le pays. »Avec une part des hydrocarbures de 54% au PIB et plus de 98% des exportations et plus de 60% de la fiscalité ordinaire et, à l'inverse, un secteur industriel qui participe avec à peine 4% au PIB, l'économie algérienne est une économie rentière. Contrairement à l'Algérie, l'Egypte s'est désormais dotée d'une économie productive comme cela est reflété par plusieurs indices, à savoir une fiscalité pétrolière qui ne représente que 8% du PIB, l'industrie 25% et le tourisme plus de 50%. Pour sa part, Dr Salah Ziani de l'université de Batna, mettra l'accent sur le cheminement du processus d'ouverture politique en Algérie faisant constater la stratégie du pouvoir en place qui prône « la marginalisation des élites émergentes et les courants non-officiels », que ce soit des partis politiques ou le mouvement associatif et, en revanche, il opte pour le clientélisme qui fait que « les partis n'ont plus l'ambition d'accéder au pouvoir mais juste de sceller des alliances avec le régime en place. Ceci fait que le pays a tendance à renouer avec l'unicité de l'époque du parti unique », avertit ce professeur. Dans l'ensemble, ce séminaire auquel ont participé 11 universités du pays avec 28 communications présentées, a été une occasion pour mettre en exergue les ratages des réformes, tant politiques qu'économiques, menées par les pays nord-africains et faire remarquer que l'autoritarisme des élites au pouvoir favorise l'influence des puissances étrangères dans la région à l'instar de l'Union européenne et des Etats-Unis qui font de la rive sud de la Méditerranée un bouclier pour stopper tout danger venant du Sahel ou de l'Afrique profonde à travers leurs initiatives respectives de l'UPM et du Grand Moyen-Orient.
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Posté Le : 02/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Naïli
Source : www.elwatan.com