Algérie

L'économie de la politique


Le ministre de l'Intérieur dit avoir constaté ?un grand enthousiasme des citoyens désirant se présenter sur les listes électorales en tant qu'indépendants ou représentants de partis?.Sans avoir à l'observer, nous savons la ferveur électorale d'une catégorie de citoyens. Et Ould Kablia en décrit parfaitement les motivations quand il dit que ?parmi ceux-là, certains veulent servir le pays et d'autres recherchent la célébrité ou sont en quête d'argent?. Comme tout le monde, il se retient d'insulter la fonction en pariant qu'en plus de l'argent et du notabilisme, il reste une place pour la citoyenneté dans l'acte de candidature politique.
Ce n'est pourtant pas inscrit dans quelque nature algérienne de n'être mu que par des intérêts égoïstes ou par des buts alimentaires. Le système est ainsi conçu qu'il ne gratifie que ses propres serviteurs.
La conviction et le désintérêt sont même perçus comme des signes de subversion potentielle. On observe qu'il s'est organisé pour contenir les ambitions politiques basées sur des considérations de service public ou d'intérêt général.
Le système de rémunération des responsables, des personnels d'encadrement, des élus et même des cadres d'organisations sociales prennent des allures de système de corruption de l'élite dirigeante. Les procédés corrupteurs sont nombreux et celui appliqué à la fonction parlementaire n'est pas le moins flagrant : quand on a fait un tel bond en termes de statut, d'appointements et de privilèges, un bond qui se répercute sur son train de vie, sur le train de vie de toute la famille et sur la nature des projets qu'on se conçoit, il est difficile d'accepter, pour des raisons de principe, un déclassement statutaire et social.
Les empoignades que suscite la confection des listes électorales illustrent la manière dont le système a fait de l'élection un enjeu social, clanique, maffieux d'un certain point de vue. La candidature se dispute, se négocie et s'achète même.
C'est cette dépolitisation tendancielle de l'acte de candidature et sa commercialisation qui ont fait dire au ministre de l'Intérieur que ?d'autres recherchent l'agent?, c'est-à-dire des indemnités sans rapport avec l'effort ou la compétence développés, ou ?la célébrité?, c'est-à-dire un titre qui les introduit dans les institutions, les dispense des épreuves bureaucratiques et leur procure des passe-droits.
Mais s'il le sait, il sait que les Algériens, les électeurs potentiels, le savent aussi. Mais quand il se contente, après un tel constat, d'évoquer ?une probable révision du régime indemnitaire des parlementaires? pour parer à cette perversion du mandat électoral, il prend le parti du système plutôt que des électeurs.
Si la fonction élective est à ce point pervertie qu'elle attire les ambitions alimentaires et affairistes, il faut la réformer. Ici et maintenant.
Se contenter d'évoquer la révision de son régime, c'est tenter de tromper les électeurs.
Il ne suffit pas de suggérer la possibilité de réformer la fonction parlementaire. Il faut le faire avant d'appeler les Algériens à aller voter pour des gens qui sont, pour l'essentiel, en quête de promotion matérielle et statutaire. Mais est-ce possible, vu que c'est cette nature affairiste de la politique qui caractérise et entretient la dictature rentière '
M. H.
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