Algérie

"L'économie algérienne a besoin d'être mieux gérée"



Mouloud Hédir, économiste et ancien directeur général du commerce extérieur, revient, dans cet entretien, sur la situation budgétaire établie à fin février 2016 publiée par le ministère des Finances.Liberté : Le déficit du Trésor s'est creusé durant les deux premiers mois de l'année 2016. Quelle lecture en faites-vous 'Mouloud Hédir : Il faut savoir gré au ministère des Finances de rendre publics les chiffres réels et quasiment à jour de nos finances publiques. Cet exercice de transparence est à saluer, d'autant que la situation qui y est décrite est réellement inquiétante puisque, avec l'épuisement prévisible des ressources du Fonds de régulation des recettes, notre pays ne pourra plus amortir, comme il l'a fait jusqu'ici, les énormes déficits du budget de l'Etat. Malheureusement, notre Etat n'a pas pu ou n'a pas su réduire le niveau de ses dépenses au cours des deux années passées, pour tenir compte de la chute brutale des recettes de la fiscalité pétrolière, depuis 2014. L'augmentation importante (plus de 34%) des dépenses du budget de fonctionnement pour ce début 2016 est vraiment préoccupante, quand bien même on ne pourrait pas tirer de conclusions sur l'année entière à partir des seuls deux premiers mois de cette année.Ce qui est certain, c'est que des mesures drastiques de réduction de la dépense publique vont devoir être prises pour l'année en cours, et plus encore pour le budget de l'année 2017. Une plus grande rigueur budgétaire devra s'imposer si l'on veut éviter que les dérapages inflationnistes s'étendent à toute la sphère économique.Sur les deux premiers mois de 2016, les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes se sont établis à 665,67 milliards de dinars. À ce rythme, le Fonds ne risque-t-il pas de s'épuiser avant la fin de l'année 'Vous avez tout à fait raison. Le reliquat du FRR à fin février 2016, si l'on s'en tient aux chiffres officiels du ministère des Finances, s'établit à quelque 856 milliards de dinars, ce qui équivaut, en se basant sur le rythme des deux premiers mois, à un épuisement des ressources du Fonds avant la fin du mois de juin 2016.Apparemment, le gouvernement s'est mobilisé beaucoup plus sur le terrain de la réduction des importations et de la facture en devises, alors que l'urgence et la priorité commandaient de placer le curseur du côté de la rigueur budgétaire et de la maîtrise des dépenses en dinars. C'est une orientation qu'il va falloir corriger au plus vite.Globalement, le message véhiculé par cette donnée est limpide. L'ère de la profusion budgétaire est bel et bien terminée. Voici venu le temps des réformes. Que faut-il faire pour éviter la faillite 'Cela n'a pas de sens de parler de faillite pour un Etat. La situation est, certes, difficile, mais il n'y a absolument pas lieu de s'alarmer outre mesure, encore moins de céder à la panique. Ce qu'il y a lieu de faire est connu de tout un chacun, il faut se mettre réellement au travail pour engager sérieusement la diversification de notre économie, et pour cela, il nous faudra reprendre froidement le cours de toutes ces réformes structurelles qui ont été mises sous le boisseau depuis si longtemps. Comme notre pays n'a pas su les mener à bien quand les ressources étaient abondantes, il va devoir le faire, contraint et forcé, dans un contexte moins favorable. Et après tout, il faut se dire que le resserrement des marges de man?uvre budgétaire est la situation normale et habituelle dans la quasi-totalité des Etats du monde. Même un pays rentier comme l'Arabie saoudite a fini par le comprendre. En bout de course, il faut se dire que l'économie algérienne a besoin d'être un peu mieux gérée. Elle dispose d'un potentiel qui ne demande qu'à être mis en valeur. Il est temps que tous les acteurs concernés commencent à s'en convaincre. Propos recueillis par : Meziane Rabhi




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