Algérie

L'école, la réforme et les syndicats


Les syndicats de l'éducation ont été reçus au ministère pour leur remettre deux documents. Le premier concerne les réformes envisagées pour l'école algérienne et le second les réponses de la tutelle à leurs revendications socio-professionnelles. Il serait intéressant de prendre connaissance du contenu du premier document. Cela fait des années que la réforme est dans l'air, sans jamais aboutir. Pour plusieurs raisons, elle ne s'est pas concrétisée mais la plus importante relève de l'évidence : on ne conçoit que l'école de son projet politique. Et un système qui n'a pas une idée précise de ce qu'il compte faire du pays ne peut logiquement en avoir une pour l'école, sinon, ça se saurait. Et ça s'est plutôt su : dans la descente aux enfers du pays, l'éducation a encore... coulé. Qu'on ne s'y méprenne pas pour autant, elle n'est descendue ni plus ni moins bas que l'ensemble des secteurs de l'activité nationale qui font la vie d'un pays et sont censés concourir à son développement. On en parle juste un peu plus parce qu'à juste titre, le niveau de performance de l'école a, depuis toujours et sous toutes les latitudes, l'indice d'émancipation le plus communément admis dans les sociétés humaines. On ne peut pas vraiment dire que la nôtre est un exemple de réussite. Elle est même emblématique de l'immensité de l'échec. Pour autant, il ne faut pas aller trop loin pour en chercher les raisons : elles sont systémiques. On n'a pas non plus besoin de réinventer l'école. Il y a des pays qui l'ont déjà fait mais ils sont d'abord passés par l'essentiel que l'Algérie n'a pas encore effleuré, en dehors de cet « acquis », pas négligeable à bien y penser, d'assurer le minimum formel à tous les enfants du pays. L'essentiel ' Installer l'école dans son siècle et en faire de manière irréversible un espace d'acquisition des connaissances et de préparation à la citoyenneté. Au lieu de cela, nous avons une école qui forme des militants de la régression et des enfants qui ne savent ni lire ni écrire. Il faudra donc commencer par là et, en l'occurrence, il y a un seul obstacle sérieux pour que ça se fasse : le manque de volonté politique d'y aller. Non seulement on n'y est pas allé mais il y a plus grave dans le constat. Ce sont les entreprises, souvent velléitaires, il est vrai, de changer les choses qui ont été les plus véhémentement contrariées. L'exemple le plus caractéristique en la matière est ce qu'on a fait à Madame Benghabrit et son projet : une parenthèse refermée aussitôt ouverte. En attendant de prendre connaissance du contenu des deux documents remis aux syndicats de l'éducation, on en a peut-être déjà un indice : la « réforme » est apparemment du même niveau d'importance que les « réponses aux revendications » du corps enseignant.S. L.
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