Algérie

L'école internationale algérienne de Paris dans la galère



L'école internationale algérienne de Paris dans la galère
Une partie des enseignants vacataires de l'école internationale algérienne à Paris est en grève depuis plus d'une semaine. Ils exigent des contrats de travail à durée indéterminée conformément à la loi française ainsi que la valorisation de leurs salaires.Lundi dernier, le contact est renoué entre la direction de l'école et les grévistes. Une réunion a eu lieu à 14h dans l'établissement scolaire pour tenter de débloquer la situation. Mais aucun résultat palpable n'a été enregistré selon un enseignant gréviste après plusieurs heures de discussion. Le seul élément positif est peut-être l'obtention d'un rendez-vous avec le ministre de l'Education nationale, M. Baba Ahmed, samedi prochain à Alger, selon la même source. Dans un tract daté du 24 janvier dernier et distribué aux parents d'élèves, le collectif des enseignants évoque des problèmes socioprofessionnels, pédagogiques et de gestion épineux. «La situation lamentable de notre école devait changer, les conditions de travail, déjà dégradées, empirent. Le mépris envers les enseignants et les élèves s'exacerbe. Des contrats précaires, censés être provisoires, s'éternisent depuis 13 ans et les promesses de l'amélioration de cette situation ne sont jamais tenues», ont-ils écrit.Des salaires mirobolants et injustifiésLes grévistes demandent à ce que leurs contrats de vacataires soient transformés en contrat à durée indéterminée (CDI) conformément à la législation de travail française et la valorisation de leur salaire. Ils expliquent que leur débrayage est guidé par «l'indignation face aux agissements de la nouvelle direction qui, selon eux, va à l'encontre des intérêts de l'école algérienne». Déterminés à aller jusqu'au bout, ils dénoncent aussi les salaires mirobolants accordés à certains employés sans véritable qualification, un recrutement pléthorique, et l'absence de commodités nécessaires pour une école, à savoir une cantine. Contacté à maintes reprises, le directeur de l'école n'a pas souhaité répondre ou apporter sa version des faits. En revanche, l'avocat de l'établissement, Me Hafiz, a confirmé l'existence de la grève. Il a reconnu que celle-ci commence à peser sur le cursus pédagogique des enfants et à créer un remous chez les parents d'élèves.Dialogue de sourdsNe souhaitant pas régler le différend devant les tribunaux français, Me Hafiz a indiqué qu'il est en train de négocier avec l'avocate des grévistes en vue de trouver la meilleure issue possible au conflit. «Nous allons examiner au cas par cas les contrats de tous les salariés grévistes pour voir dans quelle mesure nous pouvons les adapter à la législation française», a-t-il indiqué. Il a ajouté que «l'administration de l'école n'a pas pour objectif de priver les enseignants de leurs droits et que tous les moyens seront mis en ?uvre avec l'avocat des grévistes pour trouver une issue favorable». Toutefois, cette issue ne semble pas être proche puisque toutes les réunions qui ont eu lieu entre les grévistes et la direction n'ont pas abouti à des résultats concrets.Gros salaires pour fils de générauxCréée en 2001 par décret présidentiel et dans un cadre bilatéral algéro-français, l'école internationale algérienne de Paris semble pâtir de textes juridiques contradictoires qui stipulent que, d'un côté, elle est régie par des textes algériens, de l'autre, elle doit respecter la législation du pays où elle est implantée. En 2012, elle a déjà fait l'objet d'une enquête diligentée par l'inspection générale des finances (IGF). C'est durant cette même année qu'a été mis fin au contrat de son ancien directeur qui a présidé aux destinées de cet établissement plus de dix ans.Son licenciement a coïncidé avec le limogeage de l'ancien ministre de l'Education algérienne, Boubaker Benbouzid, qui a régné en maître absolu sur ce secteur pendant plus de 20 ans. L'enquête de l'IGF a été déclenchée suite, entre autres, au recrutement d'un médecin spécialiste en gastrologie et d'une adjointe d'éducation, miraculeusement bombardée par la suite adjointe à la direction. Résultat des courses, l'école se retrouve aujourd'hui avec trois médecins et une infirmière. Un vrai service hospitalier qu'envieraient bien des écoles françaises, voire même américaines, selon un salarié de l'école. Mais comme le ridicule ne tue pas, l'ancienne direction a jugé utile de recruter un conseiller juridique et un autre chargé du patrimoine.Deux postes servis sur un plateau d'argent à deux enfants de généraux. «Mis à part quelques stylos et quelques tables, je ne vois pas quel patrimoine doit-il gérer», plaisante une autre enseignante. En tout donc, près de 200 employés, dont 15 postes d'adjoints d'éducation, de plusieurs chauffeurs pour deux voitures, pour seulement 600 élèves, dont seulement 82 dans le cycle secondaire. D'après une enseignante, la moyenne des élèves par classe au niveau de ce cursus est de 8 élèves. Dotée d'un budget d'environ 7 millions d'euros, l'école internationale algérienne de Paris semble aller droit dans le mur. Si l'actuelle direction, installée depuis seulement un an, n'est pas responsable de cette situation, force est de constater qu'elle ne fait rien pour y remédier. Un immobilisme que dénoncent les grévistes et qui coûte cher aux contribuables algériens.




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