Algérie

L'école hypothéquée


A peine entamée que déjà elle est interrompue par une grève. L'année scolaire 2011/2012 ressemble à la dizaine d'années qui l'ont précédée, tout comme la grève à laquelle elle doit son interruption. Elle a commencé avec de nouveaux aménagements et des promesses d'autres améliorations. Les syndicats autonomes reviennent, de leur côté, avec les mêmes revendications qui tournent toutes autour de questions d'argent. Le drame est que ni les grévistes ni le ministère de l'Education ne font avancer les choses. Les syndicats n'arrivent pas à s'entendre entre eux. Si certains se constituent en bloc, il reste toujours d'autres qui font cavalier seul, bien que les revendications soient les mêmes. Ils se tirent dans les pattes et se sabordent. Résultat : la grève à laquelle appellera un syndicat, ou plusieurs, sera dénoncée par un autre, ou plusieurs, qui, pourtant, déclenchera un autre débrayage, et pour les mêmes revendications. Quel crédit peut-on accorder à de telles actions, surtout quand on voit que, malgré les divergences, un consensus tacite est établi pour l'exclusion de toute référence aux problèmes de l'école et des élèves ' Le poids des cartables, l'absence des casiers dans les écoles, la surcharge des classes, des emplois du temps et des programmes, s'ils sont évoqués, c'est plus pour avoir bonne conscience que pour être mis sur la table de négociations, si négociations il y a. Car, le ministère, de son côté, profite pleinement de la discorde régnant parmi les syndicats, quand il ne l'attise pas, pour jouer les prolongations dans le traitement des revendications, alors que la logique d'une bonne gestion aurait voulu que les deux acteurs travaillent pour aboutir à un accord, même à minima, qui contribuerait à sortir l'école de l'impasse où on l'a menée. De nombreux problèmes, situations conflictuelles et difficultés pourraient être résolus si le ministère se décidait à faire des syndicats des partenaires, au lieu de les avoir comme adversaires avec lesquels il doit toujours croiser le fer. De leur côté, les syndicats devraient prendre conscience de leur mission et l'assumer pleinement. Mais pour ce faire, ils doivent d'abord aplanir leurs différends pour parvenir à une cohésion qui leur permettra de devenir une force de proposition capable de peser sur les décisions et d'apporter des correctifs pour faire avancer les choses dans la bonne direction. Dans un tel schéma, l'école ne pourra qu'être au centre de toutes les attentions et non pas reléguée au second plan comme c'est le cas aujourd'hui. Dès lors, tout obstacle qui surgirait sera tout de suite pris en charge par le ministère avec le soutien des syndicats ou par ces derniers avec l'appui du premier. Et c'est bien le diable si deux forces de propositions n'arrivent pas à trouver une solution, même consensuelle ou palliative, à un problème de parcours. Cette démarche est, certes, un idéal dont la concrétisation est encore incertaine, mais il suffirait qu'on y travaille pour lever l'hypothétique, et, par-delà, l'hypothèque qu'on a pris sur l'école et les élèves pour renforcer une autorité ou imposer ses positions.
H. G.
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