L'école algérienne, c'est comme le «radeau de la Méduse». Et a montré qu'elle peut tomber en panne d'enseignants, de livres et a été victime d'une abominable succession d'erreurs qui a fait qu'aujourd'hui des responsables tentent de mettre en place des stratégies pour empêcher un secteur, qui consomme plus de 6 milliards de dollars par an et prend en charge un peu plus de 9 millions d'élèves, de couler.Bien sûr, l'Education nationale n'en finit pas de prendre l'eau de toutes parts, depuis plus de 20 ans, et a déjà fait des centaines de milliers de naufragés depuis les premières réformes des années 1990. Aujourd'hui, avec la série de scandales qui émaillent la tenue du baccalauréat, la baisse inquiétante du niveau de l'enseignement, des enseignants et fatalement des élèves, des cadres de ce secteur parlent de mettre en place un «plan Marshall». Il semblerait que ces responsables, tout autant que la ministre en charge du secteur, puisque c'est elle qui a déjà annoncé ce projet sans le détailler, ne se sont pas aperçus de la signification et des conséquences de leur décision.
Sans revenir à l'histoire de ce «plan Marshall», il faut rappeler seulement qu'il s'agissait de la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. En fait, l'Europe n'existait plus, n'avait rien, ni quoi porter, ni à manger, ni où se loger. La guerre et les nazis ont tout détruit. Bref, l'Europe était à reconstruire. Mais, est-ce la même chose qui se passe dans le système scolaire algérien pour que des experts et cadres du ministère crient avec un triomphalisme déplacé à qui veut les entendre qu'ils ont trouvé la solution à la médiocrité de l'enseignement ' Est-ce reconnaître que l'école algérienne a été totalement détruite, naufragée, et qu'il faut un traitement à la Frankenstein pour la ramener à la vie '
Les statistiques du secteur montrent une réalité glaçante : plus de 70% des lauréats du bac refont leur première année universitaire et plus du tiers de ceux qui ont réussi à passer en 1re année moyenne refont leur année. C'est là une situation alarmante qui prévaut au sein de l'école algérienne, otage du clientélisme, de la médiocrité de l'encadrement, de la fuite en avant des responsables et, il faut le dire, autant de l'incompétence ambiante que de changements de système d'enseignement à chaque arrivée d'un ministre, depuis 30 ans. Au final, ni Benghebrit, ni ses successeurs, encore moins les thérapies conjoncturelles, comme cette lubie de (re) former des enseignants pour diminuer des taux d'échec ahurissants, ne pourront sauver l'école algérienne du naufrage.
Le système éducatif national va droit sur un banc de sable et la plupart des naufragés iront grossir les rangs de la délinquance, des marchands de beignets et des «hittistes» professionnels, tandis que les responsables, aveuglés par leur obstination à ne pas voir la réalité des choses, dont les véritables besoins de l'école algérienne et la détresse de la jeunesse, prodigueront à l'infini des recettes miracles sans effet. Car si on parle de plan Marshall pour sauver l'école algérienne, c'est qu'elle est vraiment au fond de l'abîme. La rentrée scolaire 2017 est d'ailleurs un parfait exemple de la dérive sans fin du système éducatif dans notre pays : à l'indisponibilité et au manque inacceptables de manuels scolaires, ce qui est impardonnable déjà, s'ajoute l'absence d'enseignants dans les écoles, en dépit de deux concours de recrutement, le secteur de l'Education étant le seul, avec la Santé, à être autorisé à recruter en ces temps de crise. L'école algérienne est sur un banc de sable, elle ne produit plus les élites de demain, et son drame est que ceux appelés à son chevet ne font que l'enfoncer dans ses contradictions.
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Posté Le : 09/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mahdi Boukhalfa
Source : www.lequotidien-oran.com