Algérie

L'éclatement programmé du Maghreb



Dix ans après la liquidation de Kadhafi par les forces de l'Otan, la France de Sarkozy en première ligne, la Libye retombe dans d'intenables convulsions avec pour toile de fond, de graves luttes intestines. Un temps l'on a cru que les démons de la guerre allaient être chassés par une volonté de paix, à laquelle aspire le peuple libyen, grand absent des joutes politiques aux contours sectaires. Plusieurs rounds de négociations pour une feuille de route et la fin des affrontements armés ont eu lieu dans des places fortes mues par la volonté de voir s'instaurer enfin une ère de stabilité politique. C'est, au demeurant, toute la région à qui pouvait profiter la réconciliation entre les diverses factions libyennes. Partageant une frontière de près d'un millier de kilomètres (982), l'Algérie dans plusieurs forums, africain à l'Union africaine, européen à Berlin, est indirectement concernée. Il y a aussi l'héritage du passé durant la guerre de Libération nationale ; de nombreux liens ont été tissés par l'Histoire. En dépit des liens chaotiques avec le guide Kadhafi, celui-ci ne constituait pas moins une garantie quant au respect des frontières internationalement reconnues. C'est pourquoi la Libye est une « ligne rouge » selon l'expression du palais d'El Mouradia. Il est donc facile de comprendre l'insistance de l'Algérie pour l'instauration d'un dialogue sans exclusive entre les factions rivales et surtout le rejet clair des ingérences étrangères, qu'elles soient occidentales ou arabes.Last but not least, il faut endiguer tous les débordements de la crise hors frontières car ils profiteraient à tous les trafics d'armes et les infiltrations terroristes. Tout le monde se rappelle l'attaque de Tiguentourine, complexe gazier proche de la frontière libyenne, en 2013. La sécurisation de cette frontière est donc d'une grande importance, voire vitale. Après les rencontres d'Alger, la réunion de Genève (Suisse) sous les auspices de l'ONU, a regroupé les membres représentant les différentes régions et formations politiques libyennes. Il s'en est sorti une feuille de route comprenant des élections pour le 24 de ce mois de décembre. Rien n'est cependant acquis, voire même le pire est à craindre.
En effet, cette échéance est rejetée par une milice armée qui n'a pas hésité à s'attaquer, en l'encerclant, le Conseil présidentiel et le siège du gouvernement. L'équilibre précaire rompu, c'est de nouveau le chaos. Si les motivations de ce coup de force tiennent au partage du pouvoir post-élections, le plus inquiétant tient aux influences extérieures qui font que chacune des parties libyennes détient son propre agenda dicté par ses sponsors. L'intérêt profond sur l'avenir de la Libye ne serait alors qu'un faire-valoir.
En réalité, la crise est renouvelée sciemment pour de dangereux calculs impliquant justement des composantes libyennes. L'exemple le plus flagrant est le rôle du Maroc qui se voit offert un siège, revenant à la Libye, à l'Union africaine à charge pour le Makhzen d'ouvrir grands les battants à l'entrée de l'Etat sioniste d'Israël. Le loup dans la bergerie. Il y a de quoi désespérer d'une solution intrinsèquement libyenne à la crise, à laquelle appelle continuellement l'Algérie. D'autant qu'une solution imposée de l'extérieur n'a pas de chance de réussir si ce n'est perpétuer le chaos. Mais, c'est peut-être là aussi le but : perpétuer l'instabilité et faire de la Libye une rampe de lancement à toutes les ingérences. Et cela s'inscrit parfaitement dans la doctrine du sionisme qui ne peut survivre qu'en étendant son hégémonisme.
L'Afrique est à ce propos un « plat » de choix pour les années à venir. À moins d'un sursaut, les politiques libyens seront réduits en pantins corvéables à merci.
Brahim Taouchichet


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)