Algérie

L'échec renouvelé


A défaut d'avoir eu le courage de prendre position sur lanon-élection qui fut le second tour de la présidentielle au Zimbabwe, l'Unionafricaine s'est condamnée à ne pas donner le moyen de peser sérieusement sur lecours des évènements.

L'appel à un gouvernement d'union nationale - solutionnaturelle dans des situations de crise - est vicié sur le fond par lalégitimité reconnue au président Robert Mugabe. Comment un autocrate - qui aosé affirmer qu'il tenait son pouvoir de Dieu - pourrait-il sérieusementenvisager un vrai gouvernement d'union nationale avec les représentants d'uneopposition qu'il traite de manière véhémente de traîtres et d'agents del'étranger ? Quand l'Union africaine fait mine d'ignorer que la population duZimbabwe a majoritairement exprimé par les élections du 29 mars, où il y a euune vraie compétition, son soutien à l'opposition, ce sont les bases mêmes dugouvernement d'union nationale qui deviennent impossibles.

Robert Mugabe, faussement élu à la veille du sommet deCharm el-Cheikh, est de facto adoubé par ses pairs et on le voit mal concéder àl'opposition autre chose que de faire de la figuration. Il y a une crisesérieuse au Zimbabwe, avec une inflation inouïe qui fait que les citoyens de cepays payent des «milliards» pour acheter des choses banales, et cela commandeun traitement sérieux.

Morgan Tsvangirai n'a pas tort de fustiger la propositionde l'Union africaine et d'estimer que la seule base de discussion sérieuse ne peutpartir que des élections du 29 mars, celles où les Zimbabwéens ont puréellement, en dépit des difficultés, s'exprimer. Le sens de cette expressionn'est pas un mystère: les citoyens de ce pays ont sanctionné un échec et choisiun changement. Or, l'Union africaine, sous une apparence de quête d'apaisementet de solution, ne prend pas acte de cette base de départ. En adoubant de factola farce du second tour, l'Union africaine a pris une très mauvaise base dedépart. Elle conforte Robert Mugabe au lieu de le presser à admettre que sonpays aspire au changement.

Cette aspiration au changement, contrariée par la force etles pratiques déloyales des partisans de Mugabe, devait être entendue. Elle nel'a pas été. La manière dont a été suggéré le gouvernement d'union nationalen'ouvre pas la voie à une transition pour redonner aux citoyens du Zimbabwe lapossibilité de choisir; elle risque de consacrer le statu quo. C'est celal'échec africain.

Le président sud-africain, Thabo Mbeki, l'homme le plus influentsur ce dossier, n'a pas été à la hauteur pour de mauvaises raisons. Il aprivilégié la fidélité à un vieux compagnon de combat au détriment du sensprofond du combat. Car, il ne faut pas hésiter à le dire, si Robert Mugabe aété un authentique héros du combat pour la libération, il est aujourd'hui unautocrate qui entrave la liberté de son peuple. C'est dans cette confusion queles anciens colons trouvent des arguments pour faire dans le révisionnismehistorique et donner des leçons aux libérateurs.


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