Algérie

L'échange épistolaire qui raconte l'indépendance



L'instant «T», le moment du basculement de la guerre à la paix, de la colonisation à l'indépendance, a retenu l'attention de tous. Mais il faut savoir que derrière l'avènement de la République algérienne démocratique et populaire, outre la glorieuses Guerre de Libération nationale, de difficiles négociations engagées par les représentants du GPRA et une pression forte et continue de la part des militants de la Fédération de France du FLN. Les immenses manifestations d'octobre 1961 en attestent. Cette page héroïque de l'Histoire de la révolution a été remarquablement racontée par Mohamed Ghafir, dirigeant à la Fédération de France du FLN. Connu surtout sous son nom de guerre Moh Clichy, ce mou-djahid a choisi de joindre à son livre des «preuves» écrites de cette phase si précieuse de la nation algérienne naissante.Le premier document mis en exergue par Mohamed Ghafir n'est autre que la lettre du général de Gaulle à Abderahmane Farès, président de l'Exécutif provisoire, en date du 3 juillet 1962. Dans cette missive officielle, le président de la France écrit que son pays «a pris acte des résultats du scrutin d'autodétermination du 1er juillet Î962 et de la mise en vigueur des déclaration du
19 mars 1962». De fait, la France «a reconnu l'indépendance de l'Algérie». Le général de Gaulle poursuit: «En conséquence et conformément au chapitre 5 de la déclaration générale du 19 mars 1962, les compétences afférentes à la souveraineté sur le territoire des anciens départements français d'Algérie, sont à compter de ce jour, transférées à l'Exécutif provisoire de l'Etat algérien.»
Et de clore sa missive par la phrase suivante: «En cette solennelle circonstance, je tiens à vous exprimer, Monsieur le Président, les voeux profondément sincères, qu'avec la France tout entière, je forme pour l'avenir de l'Algérie. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à ma haute considération.» Dans le même livre, Moh Clichy reproduit la réponse de Abderahmane Farès au général de Gaulle. Le courrier, le premier de l'Etat algérien officiellement indépendant est, bien entendu un document historique, le président de l'Exécutif provisoire de l'Algérie affirme avoir accusé réception du message du chef de l'Etat français et dit «prendre acte de la reconnaissance officielle, par la République française, de l'indépendance de l'Algérie». L'on devine certainement l'émotion de l'Algérien ou l'Algérienne qui ont tapé ces phrases sur la machine à écrire et la fierté de celui qui les a dictées. La missive de Abderahmane Farès, confirme que «conformément au chapitre 5 des déclarations d'Evian du 19 mars 1962, l'Exécutif provisoire a ainsi reçu ce jour transfert des compétences afférentes à la souveraineté sur le territoire algérien». Et le président de l'Exécutif provisoire de s'adresser d'égal à égal au général en le remerciant «des voeux sincères que vous formulez à l'adresse de l'Algérie et j'exprime à mon tour, au nom de l'Exécutif provisoire, en cette journée historique, des voeux sincères pour la France et pour une coopération féconde et prospère entre nos deux pays».
Ce premier échange épistolaire entre l'Algérie indépendante et la France représente, pour Mohamed Ghafir, la consécration d'une lutte qui a duré 132 ans, mais aussi l'accomplissement d'une mission qui l'a mené et ses camarades sur les terres de l'ennemi, jusqu'à la victoire finale. Une victoire formalisée par la Fédération de France du FLN par une Proclamation de l'indépendance, le 5 juillet 1962. «L'idéal pour lequel des générations d'Algériens ont lutté, se concrétise enfin par la proclamation de l'indépendance», lit-on dans ce texte historique, qui met en évidence la fin de «l'outrage permanent que constituait pour notre Peuple 1'occupation étrangère depuis le 5 Juillet l832. Cent trente-deux années après, jour pour jour, flottera de nouveau sur ALGER la capitale reconquise de l'Etat restauré, notre drapeau, symbole de notre Souveraineté nationale et de nos libertés».


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