L'échange culturel est un concept dynamique

«Le maître était, lui aussi, un disciple», cette formule, chère aux chanteurs et aux musiciens de chaâbi, souligne la nécessité de la formation, du contact et del'échange. Les adeptes de la musique populaire algérienne se veulent catégoriques à ce propos : l'artiste, qui n'aurait pas été initié par un Cheikh authentique, serait un faux. En effet, la culture et l'art ne se font pas en solitaire, entre quatre murs. Ils ont besoin d'air frais, de grands espaces, de liberté, de création, de synergies et de frottements. Aucun créateur ne peut évoluer, à lui seul, en cercle fermé. Les échanges culturels entre différentes régions d'un même pays permettent aux acteurs de différents horizons de partager des expériences, de s'enrichir les uns des autres et de monter des projets en commun.Mise en ?uvre depuis quelque temps déjà, l'initiative du ministère de la Culture qui consiste à encourager les semaines culturelles inter-wilayas, a été vivement saluée par les artistes et bien accueillie par les associations du pays profond. Le public en a également profité pour découvrir les diverses facettes de chaque région du pays. Au fil des rencontres, des liens humains se sont constitués entre différents milieux et des activités communes ont même vu le jour. Organiser une semaine culturelle de Béjaïa à Tamanrasset, offrir l'opportunité aux artistes de Khenchela de se produire à Oran, permettre au milieu culturel de Biskra d'étaler ses trésors à Guelma... etc., l'idée est effectivement géniale. A défaut de moyens pour voyager à travers le vaste territoire national, un citoyen de Ouargla, comme ses compatriotes dans le reste des wilayas, a ainsi l'opportunité de découvrir la diversité et la richesse de son pays. Musique, poésie, théâtre, danses, arts plastiques, artisanat et tourisme, ces rencontres pluridisciplinaires, animées et colorées, mobilisent les artistes, le mouvement associatif et les responsables régionaux du secteur de la culture. Cesdélégations, au cours d'un séjour d'une semaine dans la wilaya hôte, animent des spectacles, montent des expositions, vont à la rencontre du public local et, en retour, ils sont conviés à des visites guidées sur les sites patrimoniaux ethistoriques de la région et à la découverte de la culture locale. On donne et on reçoit, le principe de l'échange est au centre de l'entreprise.Cependant, cette expérience, qui dure depuis au moins quatre ans, doit être sérieusement évaluée, dépoussiérée, pour capitaliser ce qui a bien marché et envisager l'introduction de nouveaux concepts susceptibles de lui donner un souffle nouveau. Qui n'avance pas, recule. Pour ne pas s'essouffler, cette louable dynamique doit impérativement se renouveler pour passer à un palier supérieur. On doit, par exemple, encourager des projets communs, créer desjumelages permanents entre différents établissements, nouer des partenariats associatifs... Il faut absolument franchir une nouvelle étape pour ne pas sombrer dans le folklore. Il faut aussi aller de l'avant concernant les grands rendez-vous nationaux et internationaux. A la clôture de chaque festival, on retombe immédiatement dans le désert, alors que cela devrait, en principe, créer des mouvements divers et des interactions au sein des institutions publiques et parmi le tissu associatif. De telles opportunités sont censées servir de trait d'union entre les créateurs, les producteurs, les amateurs et le public afin de permettre un échange d'idées et d'expériences, le lancement d'initiatives nouvelles comme l'encouragement de la formation et la collaboration entre diversintervenants. Le ministère de tutelle, qui subventionne toutes ces rencontres devrait être exigeant à l'endroit des organisateurs. Là aussi on doit avancer pour ne pas reculer. L'objectif principal d'un festival est de créer une dynamique culturelle et artistique durable à travers le développement des synergies entre ses différents partenaires. Il ne suffit pas de faire une grande fête et de disparaître pour revenir une année plus tard. La tutelle est aujourd'hui en droit d'exiger plus de présence et d'efforts aux organisateurs de ces rendez-vous. On doit absolument avancer...K. A.