Algérie

L?éboueur et le monsieur



Nous avons l?habitude de prendre en grippe les Epic de wilaya, lorsque celles-ci n?assurent pas la tâche qui leur est dévolue ou bâclent la besogne dont ils ont la charge. Loin de nous la prétention de nous ériger en juge, sinon que notre mission est, entre autres, d?attirer l?attention sur ce qui ne tourne pas rond ou ce qui peut échapper à la collectivité dans une cité qui peine à retrouver ses repères, notamment en matière de salubrité. Autrement dit, on tente, comme disait Eugène Grindel, « de prendre sens à partir de l?insensé ». Un détail qui peut paraître banal pour le commun des mortels, mais n?est pas sans nous édifier sur le comportement de l?administré dont le réflexe est aux antipodes du bon sens citoyen. Alors que les responsables de Netcom patrouillent en permanence pour débarrasser ? c?est leur devoir, il est vrai ? la voie publique des monticules de déchets domestiques, il est certains administrés qui trouvent un malin plaisir à être débectants. Ils sont, certes, doués de raison, mais le sens civique est loin d?être leur fort. Juste au moment où un éboueur a fini de balayer la zone où il est affecté qu?un « bon » citoyen, citadin de surcroît, choisit cet instant et cet endroit pour encrasser illico la voie avec son ballot d?ordures éventré. Irrité, le brave éboueur pique une colère. S?ensuit une querelle entre l?éboueur et le « monsieur » qui n?éprouve nul sentiment d?avoir commis un acte répréhensible. Pire, il monte sur ses ergots avec un air effronté et une joie insolente. « Je paie mes impôts et je jette mes ordures quand je veux et là où cela me plaît », lui lance le bougre qui ne rougit pas de honte. Et de renchérir : « Tu es payé pour cela, non ? ». Agressé et touché dans son amour-propre, l?éboueur de la rue, ce « naqqây » qu?on nomme à tort « zabal » fait contre mauvaise fortune bon c?ur en nettoyant de nouveau l?endroit fangeux. Je poursuis mon bonhomme de chemin non sans m?interroger lequel des deux est « zabbâl » ? Quant à imposer l?horaire de dépôt d?ordures aux gens de la cité, cela relève de la culture des autres. Une manière qui nous conduit à nous mettre en porte-à-faux de la citation de René Descartes qui disait que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)